i le vignoble languedocien était une équipe de rugby, nul doute que Laurent Miquel se démènerait pour être ouvreur. Mais le vigneron de Saint-Chinian est le premier à avouer que l'on ne peut filer la métaphore, et à regretter le manque d'esprit collectif, qui « seul permettrait de maintenir l'activité viticole et de la rendre attractive aux jeunes générations. » Selon lui, « il y a besoin de succés, venant d'entreprises lançant les tendances et tirant vers le haut toute la production. Notre vignoble ne manque pas de pépites, mais un cap doit être passé. Il faut des locomotives en Languedoc-Roussillon, comme Gérard Bertrand, Paul Mas, Bonfils.. Quand ils vendent des vins aus Etats-Unis, je suis heureux ! Ils nous ouvrent des portes »
Spécialisée dans les vins de cépages (syrah depuis 1970 et viognier depuis 1990), la maison Miquel a commercialisé 4 millions de bouteilles en 2012 (dont la moitié des vignobles en propre*) pour 8 millions d'euros de chiffre d'affaires (+20 % par rapport à 2011). Tourné vers l'export, Laurent Miquel souhaite développer sa présence sur le marché français (aujourd'hui 8 % de son chiffre d'affaires). Pour lui, « cela passe par l'innovation et la prise de risque. Lors d'un voyage à Barcelone, j'ai découvert le cépage albariño (ou Alvarinho au Portugal). En France on ne le connaît pas, mais l'albariño est l'équivalent en Espagne du Chablis ou de Sancerre ». Misant sur ce cépage précoce de la péninsule ibérique, Laurent Miquel a décidé de l'introduire en France. Autorisée en un temps record (« en deux semaines nous avions les papiers, s'il s'était agi de riesling cela aurait pris 15 ans »), la plantation en pergola des 14 hectares au Château les Auzines produira cette année son premier vin de France d'albariño.