ors programme, le salon Vinexpo accueillait ce lundi une table ronde sur les exportations de vins et spiritueux. Animé par Louis-Fabrice Latour (Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux), ce débat réunissait notamment deux ministres du gouvernement français : Nicole Bricq (ministre au Commerce Extérieur) et Guillaume Garot (ministre délégué à l'agroalimentaire). Comme pour le ministre à l'Agriculture Stéphane Le Foll la veille, la menace d'une enquête chinoise anti-dumping et anti-subvention était au cœur du débat. Craignant dans les prochains jours la mise en place de mesures conservatoires unilatérales, Georges Haushalter (président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) a réclamé « une forte réactivité face aux problématiques commerciales. En 1995, il y a par exemple eu le boycott des vins par les pays du Nord de l'Europe suite à la reprise française des essais nucléaires. Nous n'avons jamais réussi à récupérer les parts de marché que nous avions perdues. » Guillaume Garot s'est voulu rassurant, réaffirmant les positions du gouvernement, mais précisant « qu'il ne fallait pas être dans une logique de surenchère avec les Chinois. »
Par rapport à la question générale des exportations françaises de vins et spiritueux, Louis-Fabrice Latour a « conscience que la bataille des volumes est perdue, mais pas celle de la valeur. D'ailleurs les chiffres des exportations en avril viennent de tombés et sont plutôt bons, malgré le mois de mars difficile, on peut de nouveau croire à un maintien. Dans le cadre des négociations actuelles d'accords bilatéraux avec les Etats-Unis et le Japon, la protection des indications géographiques est un enjeu vital. » Soulignant que la notion de propriété intellectuelle varie d'une culture à l'autre, Nicole Bricq déclare cependant que « le modèle français fait école, notamment en Asie où il y a une prise de conscience de la nécessité de se protéger. Je ne dis pas que cela fera des petits tout de suite, mais le processus est lancé. Il faut être actuellement vigilant sur la révision générale des normes agroalimentaires chinoises. Le blocage en douanes chinoises de lots à cause des concentrations en phtalates l'a révélé. »
Florence Cathiard (Château Smith Haut Lafitte) a fait part du malaise de la filière, « qui ne se sent pas aimée, parmi les trois derniers présidents, l'un n'aimait que la bière mexicaine, le deuxième ne buvait pas et le troisième vend les vins de l'Elysée. Mais on compense à l'export ! Ce que la filière demande, ce sont des mesures simples et concrètes pour être épaulée à l'export ». En réponse, Guillaume Garot a annoncé qu'un « contrat de filière spécifique à l'agroalimentaire et son plan d'action » seront dévoilés ce mercredi et comportera « un volet export qui aura à cœur de soutenir les exportations. Car on le voit sur ce salon, la France est bonne, mais d'autres sont très bons, comme nos amis et concurrents d'Espagne et d'Italie. »
[Photo : Georges Haushalter, Nicole Bricq, Guillaume Garot et Louis-Fabrice Latour ; Alexandre Abellan (Vitisphere)]