aladie cryptogamique de la vigne importée des Amériques au milieu du XIXème siècle, l'oïdium est d'abord redoutée pour les pertes de rendements occasionnés (coulure, flétrissement...). Mais les effets de la pourriture grises ne sont pas que quantitatifs. Réalisées en partenariat avec le fournisseur BASF Agro, les expérimentations de l'Institut Coopératif du Vin se sont concentrées sur l'acceptabilité œnologique d'un contamination à l'oïdium, selon l'état sanitaire des grappes. Amorcées en 2006, ces recherches ont permis de mettre à jour des seuils d'acceptabilité del'oïdium dans la cas du vignoble méditerranéen.
La première phase de ces recherches avait conclu que jusqu'à un seuil de fréquence de 5 % de grappes fortement infectées par l'oïdium (ou 30 % de grappes touchées superficiellement), il n'y avait pas d'impact qualitatif significatif. Au-delà, des déviations organoleptiques (amertume, astringence...) se font sentir, de manière plus ou moins marquée selon les modalités de vinification (thermorégulation, macération...). La deuxième phase de ce programme (opportunément baptisé « in vino qualitas ») propose des seuils d'acceptabilité non plus à la vendange, mais dès la fermeture de la grappe.
Présenté par Jacques Rousseau (ICV), ce pilotage des traitements phytosanitaires se base sur un seuil à 15 % des grappes infectées à la fermeture, qui représenterait en fait moins de 5 % de grapes fortement touchées lors des vendanges et ne réduit pas les rendements. En dessous de ce seuil, il est conseillé de ne pas pratiquer de traitements, ou d'en maintenir un seul. Une telle décision est évidemment à pondérer en fonction du millésime (qui a un effet primordial sur la pression en oïdium) et des objectifs produits. Il est à noter que si plus de 20 % des grappes sont infectées à la fermeture, des impacts qualitatifs sont à attendre sur les vins. Dans ce cas, la protection phytosanitaire doit être assurée jusqu'à véraison.
Si ces règles de décision permettent d'envisager des « économies de un à deux traitements selon le millésime », le fournisseur BASF Agro préconise plus généralement un stratégie de traitements « tôt et fort », de manière préventive au stage 5-6 feuilles déployées (« en adaptant le volume de bouillie au volume de végétation »), puis avec des préparations spécialisés (moléculesSDHI, benzophénone et QoI) jusqu'à la fermeture de la grappe.
[Photo : BASF, France]