Bordeaux, le rythme et l'intensité de la campagne 2012-2013 semblent directement réglés sur la dernière récolte. En retard, les transactions n'ont débuté qu'en janvier-février, suite aux vendanges tardives. « Le premier trimestre a été très actif » se souvient Xavier Coumau (président des courtiers de Bordeaux), « mais depuis l'activité s'est nettement calmée, il s'agissait d'achats de couverture pour le négoce, qui craignait de manquer » Le repli pour la deuxième année consécutive de la production bordelaise entraîne en effet de moindres disponibilités, notamment en vrac (-5 % d'activité à la fin février). Les stocks sont globalement restreints (en baisse de -4 % au début de la campagne), « alors que l'on arrivait dans un contexte de quasi équilibre entre l'offre et la demande » rappelle Jean-Philippe Code, directeur du pôle économie du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux. Les cours augmentent donc sensiblement, en moyenne de 9 % pour les vins Bordeaux rouges (à 1 021 euros le tonneau de 900 litres). Pour les appellations régionales et communales les hausses sont moins intenses mais les niveaux de prix étaient déjà plus élevés (par exemple +3 % pour Saint-Emilion, à 3 449 €/tonneau).
« Il y a un resserrement du pivot autour d'une fourchette de 950 à 1 150 €/tonneau » observe Jean-Philippe Code, pour qui « moins du tiers des vins de Bordeaux sont vendus à moins de 1 000 €/tonneau ». Si les vins blancs de Bordeaux (notamment les liquoreux) restent en difficulté à cause de stocks importants, le développement des Bordeaux rosés reste prometteur. Les sorties de rosés sont en effet en hausse de 27 % par rapport à la campagne précédente. Cette conjoncture est liée à des conditions totalement différentes des rouges. 185 000 hl de Bordeaux rosés ont été revendiqués en 2012 (-16 % par rapport à 2011), « alors que les sorties se sont élevées à 215 000 hl en un an. Le marché a été dynamique et a absorbé les surplus. Les prix se tiennent à 1 008 €/tonneau tous millésimes confondus (+4 %) et s'élèvent à 1 030 1 150 €/tonneau pour le 2012 » commente Jean-Philippe Code. Mais désormais « le marché est bloqué, faute de disponibilité » ajoute Xavier Coumau. Pour les vins rouges, « on enregistre des retards d'enlèvement de un à deux mois, la prévision d'un marché euphorique se heurte à une consommation affectée par la crise. »
Dans la grande distribution française, les bons résultats des rosés ne font pas le poids pour compenser la perte de vitesse des ventes de Bordeaux rouges. Ce repli des ventes de l'appellation régionale pourrait également être lié à des transferts d'achat des bouteilles vers les Bags in Box, autre secteur où les vins de Bordeaux restent peu présents. Les marchés exports ralentissent actuellement, le marché européen ne dépasse plus le million d'hectolitres et les « hausses vertigineuses de l'Asie sont en voie de rééquilibre. » pour Jean-Philippe Code, qui explique « que les villes chinoises de deuxième et troisième rangs sont désormais des relais de consommation. La baisse du développement en valeur est expliquée par la consolidation de l'entrée et du moyen de gamme ».
La place de Bordeaux pourrait connaître un regain d'activité en juin, selon la floraison dans le vignoble et les contrats passés à Vinexpo.
[Illustration : Cave et atelier de la maison Morel et Sourzac de Bordeaux, le Monde Illustré en 1864]