vec l'enjeu de la réduction des traitements phytosanitaires, l'alternative que constituent les cépages résistants aux maladies cryptogamiques intéresse particulièrement la filière du vin. Mais plus qu'une résistance totale au mildiou, à l'oïdium et au botrytis, il s'agit plutôt de sensibilité réduite à ces pressions fongiques. C'est ce que l'on retient du Guide technique sur les cépages résistants aux maladies cryptogamiques que le groupe de l'Institut Coopératif de la Vigne et du Vin vient de publier, au terme de deux années de recherche bibliographique, d'observations viticoles et d'expériences oenologiques.
Sur 370 variétés répertoriées, ce guide détaille les origines, aptitudes agronomiques et potentiels technologiques de 56 cépages. Ce guide n'est d'ailleurs pas un catalogue officiel mais « une invitation à l'ouverture, à la curiosité et à l'audace » comme le précise Denis Verdier, président de l'ICV. Cet ouvrage (200 pages, 56 euros TTC frais de port inclus) permet également de faire le tour complet de l'état des connaissances actuelles. Lors de la présentation à la presse de l'ouvrage le mois dernier, Jacques Rousseau (responsable des services viticoles à l'ICV) constatait que ce guide ne serait que la huitième parution de vulgarisation sur le sujet.
En préambule aux fiches cépages, le guide remet la question des variétés résistantes dans un panorama européen : des protocoles de sélection et d'évaluation (toujours sur 10 à 20 ans, malgré le développement des outils de la génomique type QTL) en passant par les enjeux de l'adaptation de l'oïdium et du mildiou aux variétés résistantes. Ce dernier point fait prôner à l'Institut National de la Recherche Agronomique une position d'attente, jusqu'aux inscriptions de ses variétés résistances polygéniques (annoncée à partir de 2016). Autre position intéressante, celle de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO), qui est également dans l'attente d'être saisie par les Organismes de Gestion des Appellations. Directeur de l'INAO, Jean-Lus Dairien annonce que la procédure sera étudiée au cas par cas et que « globalement l'INAO estime indispensable de favoriser dans les meilleurs délais tous les travaux alternatifs à la lutte chimique », à l'exception des Organismes Génétiquement Modifiés (avec ces cépages résistants il n'est pas question de transgenèse, mais de croisement inter ou intraspécifiques).