e janvier 2012 à 2013, le Sénat a mené une mission commune sur les pesticides : « vers le risque zéro ». Ayant peu fait parler d'elle, cette mission concluait dans son rapport que « les dangers et les risques des pesticides pour la santé étaient sous-évalués et que les protections contre les pesticides ne sont pas à la hauteur des dangers et des risques ». Déjà bien plus médiatisée, une enquête de l'association Générations Futures devrait permettre de rappeler aux salariés viticoles que les dangers des produits phytosanitaires ne concernent pas que ceux répandant les préparations. Comme le précise la mission sénatoriale dans son rapport, « des études ont montré que le travailleur qui taille la vigne est davantage exposé sur l'année que l'applicateur de pesticides ».
Réalisée à la fin 2012 dans le vignoble du Médoc, cette étude a été coordonnée par Marie-Lys Bibeyran saisonnière depuis 13 ans dans le Médoc et membre de l'association Phyto-Victimes (créée à l'initiative de Générations Futures en 2011*). Le laboratoire d'analyses Kudzu Science a réalisé durant un mois des Analyses de Pesticides Agricoles dans les Cheveux (APACHE) de sur des mèches de 15 salariés viticoles, 10 salariés non-viticoles, 5 riverains de vignes et 5 témoins vivant à l'écart du vignoble. 35 molécules actives étaient recherchées à chaque test sur les 3 cm decheveux prélevés. Générations Futures précise d'emblée que les résultats de son étude n'ont pas de valeur statistique significative, le nombre de personnes suivies, le pas de temps et les modalités de comparaison ne répondent en effet pas aux canons des tests cliniques.
La première conclusion est attendue, par ordre croissant de résidus phytosanitaires on trouve d'abord les personnes résidant loin des vignes, puis les riverains de vignobles et enfin les travails viticoles. En moyenne (ces chiffres étant à prendre avec des pincettes), un ouvrier viticole présenterait 11 fois plus de résidus de pesticide qu'une personne éloignée des vignes. Quasiment la moitié des molécules détectées (attestant d'une exposition durant les 3 derniers mois) sont potentiellement cancérigènes selon les classements américains et européens et plus du tiers seraient des perturbateurs endocriniens. La réponse du berger à la bergère ne s'est pas faite attendre. L'Union des Industries pour la Protection des Plantes (représentant les producteurs de produits phytopharmaceutiques) a immédiatement publié un communiqué critiquant le maessage anxiogène de ces APACHE. L'UIPP précise dans un communiqué que « présence ne veut pas dire risque : le principe de ces analyses est fondé sur la détection et non sur les quantités retrouvées comparées aux seuils de risque ».
Publiant son étude avant le Salon International de l'Agriculture, Générations Futures demande « des mesures fortes en s'attaquant à l'usage intensif des pesticides ». D'après le rapport de la mission sénatoriale, les vignes représenterait 3,3 % de la Surface Agicole Utile Française et représenteraient 14,4 % des pesticides utilisés en France. A l'origine de l'étude, Marie-Lys Bibeyran demande de « durcir les règles régissant les délais de réentrée dans les parcelles traitées, passer de 48 heures maximum à 48 heures minimum ». Elle est engagée dans ces actions suite au décès de son frère aîné, suite à un cancer qu'elle souhaite faire reconnaître post-mortem maladie professionnelle.
* : la mission sénatoriale avait d'ailleurs était constituée suite aux alertes de Paul François, céréalier en Charente et président de l’association Phyto-Victimes.
[Illustration : MSA]