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our la première fois de leur histoire, les exportations de vins et spiritueux français ont dépassé les 11 milliards d'euros. L'équivalent de 150 avions Rafale ! Deuxième poste d'excédent commercial français, la filière française peut être fière dans son ensemble. Mais qu'en est-il dans le détail ?
Le déséquilibre s'accentue entre volume et valeur. Sous l’avalanche de chiffre, le malaise est bien lisible. Le milliard d'euros supplémentaire (par rapport à 2011) est à 90% dû aux cognacs, bordeaux, champagnes et bourgognes, en comparaison les vins de France avec cépage n'ont contribué que pour 4 % de ce milliard... Pour les seuls vins : les deux tiers des volumes représentent le tiers de la valeur ! Le phénomène ne date pas de 2012, et la tendance est connue : les vins français montent en gamme à l'export, au détriment des volumes. La conclusion de Pierre Louis Latour Président de la FEVS est lucide : « En 10 ans, les exportations de vins ont perdu 10 % en volume et progressé en valeur de 30 % alors que les échanges internationaux de vins ont doublé en l'espace de 30 ans. La France a vu sa part dans ces échanges diminuer de moitié. »
Depuis les années 2000, les exportations de notre pays stagnent autour de 13,5 millions d’hl de vin, soit à peine 28% de la production moyenne. Pour maintenir son vignoble (environ 800 000ha), la France devrait exporter 35% à 40% de sa production. Cette incapacité à exporter des volumes fait de la viticulture française un château de carte. A part quelques exceptions, les entreprises viticoles françaises comme leurs consoeurs des autres industries, sont en manquent de compétitivité.
[Illustration : carte des vignobles de France type "plan de métro", par David Gissen]