e 4 septembre dernier, le Syndicat des Producteurs de Saumur Champigny organisait à l’Abbaye Royale de Fontevraud un colloque sur la biodiversité et ses applications en viticulture. Récent, le concept de biodiversité fait sans conteste partie des grandes priorités de l’humanité* depuis 1992 et la Convention sur la Diversité Biologique de Rio. Depuis le Grenelle Environnement, il semble pourtant que la question de l’application de cette notion à l’échelle d’un territoire viticole reste posée. En viticulture, la biodiversité représente aussi bien la variété de la faune et de la flore d’une parcelle, que la diversité des écosystèmes qui l’entourent et forment le paysage.
Depuis 2004, les 130 vignerons de Saumur-Champigny se penchent sur la réduction du recours aux produits phytosanitaires et la gestion de leur paysage viticole (1 600 hectares de vignes représentant 19 % de la surface communale). Ces vignerons ont adhéré à cette initiative collective, qu’ils s’inscrivent dans une démarche conventionnelle ou alternative (viticultures raisonnée, biologique ou biodynamique). La principale action de ce programme aura été l’aménagement, par 78 vignerons volontaires, de 20 kilomètres de Zones Ecologiques Réservoir (ZER). Ces espaces interstitiels non utilisées pour la production viticole ont été mobilisés pour contribuer à la biodiversité des parcelles, rompant ainsi les îlots continues de vigne avec la plantation d’essences ligneuses.
Les vignerons ont été suivis dans cette démarche par des équipes de chercheurs, afin de traiter la question de l’impact de la biodiversité sur la régulation naturelle des agresseurs de la vigne (cicadelle verte, vers de la grappe : Eudémis et Cochylis). Professeur à Bordeaux Sciences Agro, Marteen van Helden s’est ainsi penchée sur la « biodiversité fonctionnelle : diminuer la pression des ravageurs par une optimisation du paysage et de l’impact des auxiliaires ». Après 8 ans d'observation, il ressort que l’abondance d’Eudémis est très corrélée avec le paysage viticole. Les populations d’Eudémis piégées croissent avec la surface de l’îlot de vigne, tandis qu’elles diminuent avec la présence d’autres cultures ou de lisières. D’après les premiers résultats, ce serait l’exact inverse pour les cicadelles vertes. Pour Cochylis, l’impact du paysage viticole serait moindre. La proximité de forêt et de lisières réduiraient néanmoins les populations. Marteen van Helden avance comme « stratégie, prometteuse et acceptable, de fractionner les îlots de vignes avec des haies ».
Animatrice du projet Biodiversité à Saumur-Champigny, Marie-Anne Simonneau constate que « les pratiques de ces projets expérimentaux sont intégrés par les vignerons. Le décret de l’appellation a ainsi été révisé afin d’interdire le désherbage chimique de l’inter-rang. Il nous reste encore beaucoup de travail, car on est loin de tout savoir sur la biodiversité : les méthodologies d’expérimentation et les protocoles d’application sont encore à créer. »
* : priorité mise en avant lors de l’année 2010 (UNESCO) ou de la décennie 2011-2020 (Nations Unies).
(Photo : Syndicat des Vignerons de Saumur-Champigny)