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e marché américian du vin entre en situation de pénurie pour au moins cinq ans, constate Pierre Géraud pour Ubifrance. Ce constat fait écho avec la prédiction du courtier international Daniel Murphy dans nos colonnes en 2008 : "Dans cinq ans, nous allons manquer de vin", qui est donc en train de se réaliser (pour relire cette interview, cliquez ici).
Après deux vendanges particulièrement maigres en Californie (qui représente 80 % de la production américaine), le marché américain du vin est rès demandeur de vin en vrac. Le concept est très favorable à une internationalisation des approvisionnements : la consommation de vin aux Etats-Unis ne cesse de progresser. De 9 litres par habitant et par an en 2012, elle pourrait dépasser les 13,5 litres en 2025. « Cette année, la demande a surpassé l’offre », constate dans un communiqué Pierre Géraud, « après 10 ans de surproduction et de prix bas, les fournisseurs de vin en vrac californiens se retrouvent subitement en position de force. »
Les stocks de vin relativement bon marché sont en baisse (ils sont au plus bas depuis dix ans) et les experts de DiBuDuo prévoient un déficit de 4 500 hl en 2014 (en tablant sur des hypothèses de récolte optimistes). En effet, les fournisseurs californiens plantent mais les nouvelles plantations n'entreront pas en production avant 3 ans minimum et toutes les plantations n'ont pas été faites cette année. On table donc sur un maintien d'e situation de pénurie et de prix du vrac élevée pendant les cinq à huit ans à venir. Les contrats d'approvisionnement à long terme, un temps réclamés par la production, sont donc aujourd'hui très nettement à l'avantage es négociants qui les ont conclus. Les autres doivent rogner leurs marges pour faire face à leurs contraintes de volume. Pas question, en effet, de reporter la hausse du coût des achats sur le prix de vente en des temps d'incertitude économique.
A l'heure actuelle, précise Pierre Géraud, « il n’y a plus de Zinfandel ou de Pinot Noir disponibles. Leurs prix en vrac sont en hausse de 30% à 50%. Le prix du Muscat en vrac a plus que triplé. La Vallée Centrale californienne, connue pour ses hauts rendements de faible qualité, a doublé ses prix. A tel point que les négociants n’hésitent plus à chercher des cépages de substitution. Ils seront donc parfaitement heureux de passer à un Malbec à 5€ s’il n’y a plus de Cabernet à 5€. »
Le négoce américain réduit d’ores et déjà ses expéditions à l'export pour répondre à une demande intérieure mieux valorisée (des parts de marchés à prendre auprès de ces consommateurs étrangers délaissés pour les producteurs français ?). Mais la croissance de la consommation américaine reste supérieure à la progression si limitée des disponibilités. Il faudra donc importer.
Vers quels pays vont se tourner les Etats-Unis ? L'Espagne a connu elle aussi une petite vendange 2011 et prépare une maigre vendange 2012, tout comme l'Italie et, dans le Nouveau Monde, l'Australie. Le durcissement de la législation qui gouverne les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l'Argentine ne favorise pas cette dernière. La France a un avantage crucial : ses disponibilités sont importantes après une abondante vendange 2011. La baisse de la production en 2012 pourrait limiter cet avantage, mais, face à ses autres concurrents du Nouveau Monde, les producteurs français bénéficient d'un autre atout sérieux par rapport aux campagnes passées, puisque l'euro est au plus bas depuis deux ans.
