résident de l’appellation Gevrey-Chambertin et propriétaire du domaine Guillon et Fils (13 hectares), Jean-Michel Guillon avoue « avoir les tripes par terre. Même si je ne suis bourguignon que depuis une trentaine d'années je suis dévasté. A notre échelle c'est comme si le château du clos Vougeot était vendu. » Le récent rachat du Château de Gevrey-Chambertin est à l'origine de son amertume indignée. Ces bâtisses du XIIème siècle et leurs 2 hectares de vignes viennent d'être rachetés par un investisseur chinois, malgré la contre-proposition d'achat des vignerons de Gevrey-Chambertin.
A l'origine de ce projet de sauvegarde du patrimoine, Jean-Michel Guillon souhaitait impliquer toute la commune, prévoyant notamment de localiser au château l'office du tourisme. Mais alors que les vignerons avançaient 5 millions d'euros, le propriétaire de salles de jeux à Macao a surenchéri avec une proposition à 8 millions d'euros. Pour Jean-Michel Guillon « les prix de vignes arrivent à un tel niveau que cela ne peut plus qu'attiser l'envie des propriétaires et de leurs héritiers. Les revenus de fermage viticoles ne font pas le poids en comparaison de ces ventes mirobolantes. Alors que nos climats concourrent à l'UNESCO, nous ne prenons pas soin de la préservation de notre héritage culturel et humain. Mais à l'avenir nous veillerons aux prochaines ventes. Avec ce principe associatif, nous pouvons imaginer racheter des parcelles afin d'aider de jeunes agriculteurs à s'installer et mettre le holà à cette surechère. »
En 2012, le vignoble bourguignon connaît une forte vague d'investissements, amorcée en février dernier avec le premier investissement chinois en Vosne-Romanée et culminant au début de l’été avec les achats du milliardaire François Pinault en Puligny-Montrachet. En Gevrey-Chambertin, le domaine Maume avait également été racheté en mai par un investisseur canadien (pour en savoir plus, cliquer ici).