Situé sur le flanc nord du plateau de Saint-Emilion, le Château La Favière comprend un domaine de 65 hectares dont 18,5 de vignoble en AOC Bordeaux Supérieur. La propriété a été rachetée en 2011 par l'homme d'affaires russe, Stanislav Zingerenko. Il a choisi comme directeur le Français Christophe Bedouet. Leurs parcours différents font que leur alliance est une force pour le château.
Si les étrangers s’intéressent de plus en plus au vignoble bordelais, et principalement les investisseurs Chinois, il n’y a que trois châteaux bordelais détenus par des compatriotes du couple Zingerenko contre dix-neuf châteaux par des Chinois.
Sommaire
Christophe Bedouet, pourriez-vous nous parler de votre rapprochement avec Stanislav Zingerenko ?
Comment avez-vous constitué votre équipe ?
Stanislav Zingerenko, pourriez-vous retracer votre parcours?
Pourquoi l'univers du vin vous attire-t-il et pourquoi en France?
Quel est le regard de vos compatriotes russes sur votre implication dans le vin français?
Comment voyez-vous votre futur au travers du château la Favière?
CHRISTOPHE BEDOUET, POURRIEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE RAPPROCHEMENT AVEC STANISLAV ZINGERENKO ?
Un heureux concours de circonstances m’a amené à devenir le responsable de ce projet pour M. Zingerenko. J’ai fait mes études à la BEM (Ecole Supérieur de Commerce de Bordeaux) il y a une dizaine d’années. Membre du club de dégustation AOC, j'ai découvert le milieu du vin à travers les activités du club. Une fois diplômé, après un passage rapide au sein de la direction commerciale d’un grand groupe de télécom à Paris, je me suis expatrié aux USA pour mettre à profit mes compétences commerciales et ma passion du vin au service de la promotion des vins français. L’import export de vins de petits producteurs indépendants est devenu ma spécialité, d’abord importateur aux Etats-Unis, j’ai ensuite ouvert une agence export en France en 2008. C’est un ami commun qui nous a présenté, lui était en charge de la promotion des intérêts français en Russie pour une agence gouvernementale. A cette époque Mr Zingerenko cherchait à acheter une propriété mais il se rendait compte qu'il avait besoin d'être épaulé par des professionnels du vin et de la vigne. Nous avons travaillé ensemble pendant plus d’un an et étudié plusieurs dossiers et notamment celui du Château La Favière, puis il m'a proposé de continuer l’aventure à ses côtés, ce que j’ai accepté très naturellement. C’est une très belle histoire, très belle rencontre.
COMMENT AVEZ-VOUS CONSTITUÉ VOTRE ÉQUIPE ?
Christophe Bedouet : un domaine viticole, c’est avant tout une entreprise dont la gestion requiert des compétences très différentes. Sur la partie technique nous avons fait appel à Georges Pauli, ancien directeur technique du château Gruaud Larose ou encore de château Talbot, et qui supervise actuellement plusieurs propriétés en France, en Espagne et en Italie. Je m’occupe de la gestion et du commerce avec Mr Zingerenko, qui est très impliqué dans ce projet qui lui tient à cœur.
STANISLAV ZINGERENKO, POURRIEZ-VOUS RETRACER VOTRE PARCOURS?
J'ai 39 ans, mon épouse 37. Je suis né à Saint Petersbourg où je suis aujourd’hui dirigeant-associé d’un groupe de logistique. Mon expérience principale est la logistique portuaire et le dédouanement. Ma femme travaillait dans les relations publiques. Depuis plus de 3 ans, nous cherchions une exploitation viticole en France pour nous rapprocher de la terre et de la France où mon épouse avait fait un stage après avoir étudié à l’université.
POURQUOI L'UNIVERS DU VIN VOUS ATTIRE-T-IL ET POURQUOI EN FRANCE?
Stanislav Zingerenko : ma femme et moi sommes amoureux de votre pays, de sa culture, et de son histoire étroitement liée à l’histoire de la Russie ; et moi je suis un amateur de bons vins. Pour ma femme et moi le vin de France, et principalement de Bordeaux est le meilleur, la rive droite étant ma favorite. L’image des vins de France est noble et forte à la fois. Elle rayonne dans le monde encore plus à mon sens que celle des vins d’Italie ou d'Espagne.
QUEL EST LE REGARD DE VOS COMPATRIOTE RUSSES SUR VOTRE IMPLICATION DANS LE VIN FRANÇAIS?
Stanislav Zingerenko : Une partie pense que je suis fou, une autre partie m’envie, mais la plus grande partie est surtout très curieuse. Si on regarde l'implantation des familles russes à avoir fait ce choix, nous ne sommes que trois à Bordeaux : il y a le Château Livran, depuis 2008, puis nous, en 2011 et en 2012, les propriétaires du clos Dady en Sauternes. Mes amis proches commentent beaucoup notre projet sur Facebook et nous suivent au quotidien. C’est très encourageant, et cela nous donne de l’énergie pour avancer car la tâche est difficile, c’est un sacré défi.
COMMENT VOYEZ-VOUS VOTRE FUTUR AU TRAVERS DU CHâTEAU LA FAVIÈRE?
Stanislav Zingerenko : Pour le moment c'est un investissement passion car j'ai toujours été proche de la nature, je réalise un rêve. Si on met les choses en parallèle entre un investissement en Russie qui est une économie émergente très dynamique et un investissement en France dans une activité agricole… je sais bien que le retour sur investissement sera beaucoup plus long ici. Cela peut prendre 10 voire 15 ans ! C’est ce qui explique qu'il n'y a pas plus d'installations de Russes en France. Mes activités étant très prenantes je ne pense pas pouvoir venir m’installer ici complètement avant 3 à 4 ans, mais mon épouse et mon fils sont là beaucoup plus souvent et je les retrouve les week-ends. Mon épouse aime vraiment le temps passé ici. Nous serons là tout l’été pour faire vivre le château et accueillir notre premier événement musical, le concert du Bluesman américain Sugaray le 27 juillet prochain au Château. Le premier d’une longue série j’espère, c’est très excitant.



