n se posant la question de la hiérarchisation des vins méditerranéens, la neuvième journée technique de l’association Vino Latino était aussi attendue qu’appréhendée par les professionnels languedociens. Mais pour le président de Vino Latino, Jean Natoli (voir photo), « nous n’avons en aucun cas voulu lancer un pavé dans la mare, mais apporter notre pierre à l’édifice de cette thématique essentielle. Vino Latino est un laboratoire d’idées afin de mettre en contact les professionnels et à terme espérer des actions. »
Par son interprofession, les vins d’appellation du Languedoc sont dans une démarche de hiérarchisation. Représentée par une pyramide, ce classement se base sur une appellation générique, l’AOC Languedoc, puis s’élève avec des AOC sous-régionales, puis AOC communales et à son sommet : l’AOC cru. « Cette pyramide est un outil purement professionnel, afin d’être cohérents dans nos méthodes de travail », précise Jean-Benoît Cavalier (président du syndicat des appellations du Languedoc). « Elle nous permettra de mettre en place des objectifs de communication à la hauteur des objectifs de chaque AOP, le but étant que ce positionnement pyramidial devienne naturel pour les consommateurs. Ces derniers doivent à terme pouvoir mettre à des niveaux d’exigences différents nos vins. »
Co-fondateur des Caves du Languedoc Roussillon, Paul Chebille a critiqué « la nouvelle hiérarchisation. Elle ne serait acceptable que si l’on ne perdait pas les acquis. Or je suis gêné par l’impossibilité de produire des AOP languedociennes en rosé. Ma société réalise 80 % de ses ventes à l’export et les rosés sont un débouché majeur qu’il ne faut pas perdre. » Vigneron-négociant issu de Tain l’Hermitage, Michel Chapoutier a rétorqué « qu’il faut faire très attention aux effets de mode. Vous profitez d’une tendance favorable pour les rosés, mais vous la subissez plus que vous ne la créer. Je suis partisan de la hiérarchisation des vins. »
A ceux qui lui rétorquent que les consommateurs sont perdus parmi les 440 vins français d’appellation, Michel Chapoutier répond que « la complexité n’est pas un défaut. Prenons un fana de foot. On ne peut pas dire qu’il vous fasse intellectuellement peur ? Pourtant il est capable de connaître la division en 5 ligues d’une coupe. Et un amateur de vins ne pourrait pas en connaître 4 ? »
Jacques Berthommeau, présent en tant que bloggueur, n’est pas « contre la complexité. Celle-ci ne dérange pas du tout les consommateurs. L’essentiel c’est que vous, les vignerons, leviez le nez de votre verre pour faire comprendre votre complexité aux consommateurs. Comme l’a dit durant son intervention Sarah Lumbroso, il faut savoir pourquoi vous agissez, quels sont vos cibles et vos objectifs. Il faut donc savoir ce que vous voulez. Et vous cherchez quoi, à être Bordeaux ? Il n’y a pas besoin de chercher des modèles, vous êtes le Languedoc ! Pour accéder à la notoriété vous devez établir des passerelles, des liens... »
Génératrice de contacts et d'échanges passionnés, il reste à cette journée de devenir génitrice de propositions et d'actions.