n parrallèle du salon Millésime Bio, le cinéma montpelliérain Diagonal organisait le 23 janvier 2011 une projection du film L’esprit du vin (voir la bande-annonce ci-dessous). Etaient présents la réalisatrice et l’auteur de ce documentaire (Olympe et Yvon Minvielle, exploitants du Château de la Garette,Premières côtes de Bordeaux) ainsi que certains protagonistes du film. Tous vignerons en biodynamie.
Car telle est la force de ce documentaire : donner à voir la diversité des approches, pratiques et sensibilité qui font la viticulture biodynamique. Afin de bien clarifier les choses, Yvon Minvielle a tenu à préciser en préambule « qu'aucun de nous n'a de comptes à régler, mais des choses à montrer ». En effet les propos tenus ne sont nullement vindicatifs envers les viticulteurs conventionnels, et le discours ne fuit pas non plus les aspects ésotériques, et contestés, de la biodynamie.
Brisant l’image de gentils illuminés chamaniques, tous ces vignerons d’Alsace, de Bordeaux, de Bourgogne, de Loire, du Roussillon, d’Autriche et d’Espagne nous montrent ce qu’est le quotidien viticole de la biodynamie : le travail méticuleux des sols, les préparations biodynamiques et les traitements au cuivre. Tous ces travaux étant rythmés (et non imposés) par le calendrier des semis de Maria Thun. Loin d’appliquer telles quelles les recettes de Rudolf Steiner, le vigneron en biodynamie a une posture d’observateur, qui s’adapte et n’hésite pas à expérimenter.
Contrairement à la viticulture biologique, celle biodynamique ne s’arrête pas aux portes des celliers. Dans la même logique d’accompagnement, plus que d’intervention, les levures sont alors exclusivement indigènes. Pour Olympe Minvielle (voir photo) il est « impensable d’utiliser des levures sèches en biodynamie. Les levures sont le lien essentiel au lieu du vin, ce sont les témoins des originalités et typicités de l’année. Comme nos raisins sont sains et dénués de résidus phytosanitaires, nous n’avons en cave plus qu’à accompagner la fermentation alcoolique par la dégustation et des analyses confirmant ou non nos observations. »
L’esprit du vin est un documentaire porté et soutenu par les vignerons du Groupe Renaissance des AOC. Son fondateur, le charismatique Nicolas Joly (exploitant de la Coulée de Serrant, Anjou), est ainsi présent de par en par du film, dénonçant la pression des marques sur les terroirs, l’importance de la quantité sur la qualité... Il est plus surprenant de voir apparaître Michel Rolland. Ce dernier semble en effet tout sauf à sa place en déclarant « constater les résultats qualitatifs et environnementaux de la démarche biodynamique », tout en précisant que s’il veut s’occuper professionnellement, il ne peut pas non plus être trop regardant sur les pratiques viticoles de ceux qu’ils conseillent...
Loin de ce cynisme (qui frise l'opportunisme), les vignerons en biodynamie sont passionnés par leurs terroirs et leurs produits. Il reste à savoir si cette viticulture est, comme le clame le film, l'avenir de la viticulture française. Si les conversions sont de plus en plus nombreuses (la certification Biodynamie est proposée par Demeter et Biodivins), il semble encore utopique de croire que l'ensemble du vignoble français puisse prochainement s'engoufrer dans ce qui reste, encore, un marché de niche exigeant et nécessitant une réelle fibre (pour ne pas dire philosophie) biodynamique.
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L’esprit du vin, le réveil des terroirs est actuellement projeté dans toute la France (pour voir les séances, cliquer ici). Olympe et Yvon Minvielle prépare par ailleurs une suite à leur film (La bataille du goût. Nourrir les hommes, sauver la Terre).
Alexandre Abellan