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La Tribune de BEM : Grands Crus, la standardisation des mots pour le dire
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La Tribune de BEM : Grands Crus, la standardisation des mots pour le dire

Par Pierre Mora - Professeur chercheur à BEM Bordeaux Management School, membre de l\\\\\\\\\\\\\\\'équipe \\\\\\\\\\\\\\\"Marchés des Vins et des Spiritueux\\\\\\\\\\\\\\\" à BEM pierre.mora@bem.edu Le 22 novembre 2011
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n Grand Cru se veut avant tout "unique". Par son haut niveau de qualité, et par une certaine façon de le dire.  La revendication de cette différence constitue une bonne partie de son fond de commerce. Pourtant, à y regarder de plus près, les signes de communication qu'il renvoie obéissent à une certaine standardisation.  Ainsi, lorsque le lecteur parcourt le guide de l'Union des Grands Crus, il s'étonne du conformisme de la communication corporate des 132 châteaux présents : tous ou presque parlent de "longue histoire", de "transmission familiale", de "particularités géologiques" ou bien encore "de savoir-faire spécifique."

 

Une analyse plus détaillée permet de ne dégager que trois formes de discours :

- Le style "tradition" avec des termes liés à l'histoire (tradition, année, siècle), à la famille (fils, fille, génération,) aux lieux (pierre, appellation, domaine, France), à certains verbes (remonter, donner, devenir, acquérir, acheter).

- Le style "technique" privilégie les matières et les objets  (bois, inox, grave, chêne, barrique, cuve), les  étapes  (vendange, vinification, fermentation élevage, mois) et certains verbes (rénover, pouvoir, permettre).

- Le style "terroir" met en avant la géographie et la géologie (croupe, calcaire, haut, côteau) les appellations ou les classifications et peu de verbes (produire).

 

On sait que les amateurs de Grands Crus aiment à reconnaître tel château dans un test en aveugle. Gageons qu'un tel test, lui aussi en aveugle, consistant à tenter d'associer chacun des 132 textes à chacun des châteaux qu'il représente, serait sans doute bien plus délicat qu'une dégustation.

 

On peut donc se demander pourquoi la communication des Grands Crus se montre si conformiste. Pour certains la réponse réside dans la stratégie de marque de plus en plus adoptée par ses établissements face à la mondialisation croissante de leur audience. La marque apporte avant tout une promesse de constance.  Pas d'étonnement avec elle. Ce principe s'étend aujourd'hui au territoire du luxe.

 

Pourtant, la magie opère et des foules croissantes souhaitent traverser la planète pour voir les lieux, entendre les mots, sentir les parfums et gouter les productions de "ces lieux à part". Le classement de 1855 n'y est pas pour rien. La mondialisation des Grands Crus pourrait-elle, elle aussi, être considérée comme une forme de standardisation du goût et des styles de vie ?

 

Par Pierre Mora – Professeur chercheur à BEM Bordeaux Management School, membre de l'équipe "Marchés des Vins et des Spiritueux" à BEM  pierre.mora@bem.edu

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LeGuideC Le 01 décembre 2011 à 14:45:54
Une autre raison à un tel "conformisme" de présentation pourrait également provenir justement de l'absence d'individualisation identitaire, hors celle résultant de l'histoire particulière : la similitude globale des compositions de sol et sous-sol, en rive gauche, lissée par des tailles conséquentes de propriétés en atténuant la micro variation, encore amplifiée au gré des achats, extension et autre intégration, cède finalement du terrain face au profil de vinification, pour le coup effectivement standardisé à coup de barrique neuve, de remontage/délestage, micro oxygénation et autres médications préventives de l'oenologie dite moderne. A titre d'exemple, Ch Lafite-Rothschild voit une partie non négligeable de ses vignes implantées sur la commune de St-Estèphe, tandis qu'à l'opposé Ch Bel Air Marquis d'Aligre ne connait pas le bois. Certes, le second est bien loin du premier en tarif, mais sous l'angle du plaisir, sans même parler du rapport qualité prix, l'écart ne se jauge plus de la même façon. En résumé, peut-on encore parler de terroir à Bordeaux, à travers la marque purement commerciale que représente le Grand Cru Classé, avec la bénédiction de tous ses bénéficiares, au figuré comme surtout au propre ?!!
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