ors d’une téléconférence organisée par la Banque de Montréal au début septembre 2011, les présidents de trois wineries canadiennes se sont exprimés sur les orientations que l’ensemble de la filière canadienne devrait maintenant prendre. Ce secteur affiche en effet une croissance à deux chiffres depuis une quinzaine d’année, mais depuis 2008 un ralentissement notable de cette progression se fait sentir. Pour les producteurs de la vallée d’Okanagan (Colombie Britannique, côte ouest du Canada), la croissance des ventes ne serait plus que de 2 %. Mais pour Gordon Fitzpatrick (président de CedarCreek Estate, Okanagan, voir photo du vignoble) ce plateau marque seulement l’atteinte d’une résistance des consommateurs aux vins premiums canadiens et ils suffirait que les vignerons se tournent vers une production de gamme inférieure.
« En temps de crise la consommation de vin existe toujours, mais elle est un petit peu modifiée » ajoute-t-il. « L’époque de 2005-2007 durant laquelle les consommateurs se ruaient sur les vins récompensés et autres icônes est révolue. Maintenant ils se ruent sur les grandes bouteilles qu’ils trouvent à 20 dollars canadiens (15 €). » Ces changements de consommations réduisent les marges des vignerons, mais « notre filière doit être plus flexible, afin que le consommateur reste gagnant ».
C’est ainsi que CedarCreeks a réduit sa gamme de produits, passant de trois gammes (basique, vin du domaine et réserve) à deux. Il a conservé le vin de prestige, mais assemblé les deux autres cuvées, améliorant la qualité générale tout en maintenant le prix minimum. Pour se faire, « il faut d’abord réduire les coûts de production » comme le précise laconiquement Norm Beal, le président de la winery Peninsula Bridge (Niagara). Ensuite, « il faut centrer sa communication sur les vins à petits prix, car il est certain que les préférences des consommateurs ont changé », selon John Peller (président de wineries en Ontario et Colombie Britannique). Car « l’importation de vins peu chers a bondi durant les quatre dernières années, et ils sont vendus à des prix qui ne peuvent s’expliquer que par des subventions »
En 2010, le secteur viti-vinicole canadien dégageait un chiffre d’affaires de 900 millions de dollars canadiens (663 millions d’euros), pour un peu plus de 12 000 hectares de vignes en 2007 selon l’OIV (majoritairement en Ontario et en Colombie Britannique, les productions du Québec et de la nouvelle-Ecosse sont très réduites). Depuis 1998, le taux de progression annuel moyen du chiffre d’affaires est de 7,6 %. En volume, les vins canadiens ne représentent que le tiers des ventes de vins au Canada.
[Source : Edmonton Journal]