e 8 septembre 2011 se tenait le septième Forum International Viti-vinicole de Mendoza (Argentine), axé sur les « tendances mondiales qui influencent le négoce du vin », cet événement était surtout l’occasion de faire un point sur la filière argentine. L’économiste argentin Gustavo Reyes a ouvert le forum sur la perspective des possibles récessions américaines et européennes. Selon lui « la méfiance en ces deux anciennes puissances ne cesse de croître, et ce pessimisme affecte même les pays émergents, en ralentissant leur développement. En 2012, il y aura moins de croissance, plus de volatilité et de pression inflationniste, avec une balance commerciale en chute ». En 2011, le dollar argentin connaît déjà une inflation de 24 %.
Le cœur de cette journée était les présentations sur les marchés du vins internationaux. L’Asie était logiquement à l’honneur, avec des spécialistes de ces marchés émergents, qui cristallisent toutes les attentions. La sud-africaine Debra Meiburg MW, déclarait que si les vins argentins veulent s’implanter et accroître leurs parts de marché à Hong Kong, ils doivent jouer sur le désir des consommateurs chinois d’en connaître plus sur le vin, et donc valoriser les aspects ludiques et du pédagogiques de leurs produits. Pour Tommy Lam Chi Fan, expert du marché chinois, il faut choisir avec le plus de soin possible son distributeur en Chine, et ne pas hésiter à faire appel à des sociétés différentes pour chaque ville majeure de chine (Pékin, Shangaï, Nankin, Zhengzhou...). Yummy Tanabe, expert du marché japonais, tenait à affirmer que « le concept du vin au Japon est bien distinct de celui que l’on trouve ailleurs dans le monde ». Selon lui, les Japonais ne commencent que depuis très récemment à découvrir les vins, et pour se faire connaître sur ce marché il faut chercher à se distinguer par ses originalités. Pour le cas argentin, il conseillait de bien se différencier du Chili.
Le marché nord-américain était également abordé. John Gillepsie, l’expert du marketing américain a peint un marché américain à la consommation galopante. Pour lui, « les consommateurs de vins sont issus de trois générations : celle du Baby Boom (les 47-65 ans) qui représente 77 millions de personnes, la génération X (les 35-46 ans) qui rassemble 44 millions d’Américains et la génération Y (18-34 ans). C’est cette dernière catégorie qui affiche les plus fortes évolutions de la consommation. Actuellement, quatre bouteilles sur dix sont consommées par eux aux Etats-Unis. » Cette génération est cependant connue pour n’être loyale à aucune marque ou cépages, sa caractéristique étant plutôt la recherche de nouveautés. Elle est par contre accessible par les moyens des nouvelles technologies, notamment les réseaux sociaux. Malgré la morosité actuelle de l’économie américaine, Danny Brager (Nielsen USA) pense « que l’Argentine ne doit pas rester focalisée sur le seul cépage, son orgueil national*. Il y a de la place pour un second cépage argentin, qui pourrait être un assemblage, ou le Torrontés en vin blanc, ou même une autre variété déjà traditionnelle. »
La question de l’avenir du malbec argentin a par ailleurs occupé la fin de la journée, le malbec étant le moteur argentin de la consommation sur le marché international et celui domestique. A plusieurs reprises, les œnologues argentins invités se sont exprimés sur leur crainte que le succès du malbec argentin les conduisent au scénario actuellement expérimenté par le shiraz australien, dont les bas prix et la perte de qualité ont conduit à un effondrement de sa consommation sur le marché américain (approximativement - 23 % entre 2010 et 2009). Afin d’éviter la standardisation du malbec argentin, un travail sur la détermination de terroirs et de sélection de clones adaptés à chaque gamme sont envisagés. Paul Hobbs, vigneron californien ayant des vignes aux pieds des Andes, ajoute que « même s’il y a du malbec dans d’autres régions viticoles, il sera ardu pour elles de faire oublier que le malbec est l’emblème argentin par excellence. Cahors essaie d’approcher le succès argentin, mais il n’y a pour le moment pas de vraie compétition internationale. »