ors d’une récente visite officielle à la région viticole de Krasnodar (ouest de la Russie, en bordure de la Mer Noire), le président russe Dimitri Medvedev (voir photo) aurait déclaré que « la viticulture est un secteur qui doit se développer pour nous aider à éradiquer l’alcoolisme ». D’après le Financial Times, il aurait même ajouté que « dans les pays où cette industrie est développée, les problèmes d’abus de boissons alcoolisées sont dû à d’autres boissons ». D’après les commentateurs, ce sous-entendu désignait la vodka, boisson alcoolisée traditionnelle de la Fédération de Russie.
La consommation annuelle de vin en Russie est actuellement de 7,1 L par habitant. Cette quantité est de 15 L pour les spiritueux. Depuis 2009, le gouvernement russe et la Douma (Parlement russe) unissent leurs forces pour réduire le fléau de l’alcoolisme qui serait la cause principale d’un décès sur cinq en Russie. Mais les Russes sont réticents face aux actions gouvernementales en matière de législation des boissons alcoolisées. Au mileur des années 1980, le président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev avait essayé d’éradiquer l’alcoolisme en faisant retirer les bouteilles de vodka des rayons, et en faisant arracher la majorité des vignes soviétiques (70 % du vignoble selon les estimations hautes). Non seulement impopulaires, ces actions d’éclat n’ont fait qu’aggraver le problème en implantant durablement le marché des contrefaçons.
Aujourd’hui, 40 à 80 % des vin vendus sur le marché russe seraient des contrefaçons (25 % de ces ‘vins’ ne contiendraient même pas la moindre trace de raisin). Les réponses législatives se sont longtemps faites attendre, mais il semblerait que la dynamique législative soit en route. Comme nous le rapporte Eleonora Scholes (journaliste russe spécialisée dans le vin), la Russie a adopté de nouvelles lois à la mi-juillet qui définissent « le vin comme étant une boisson alcoolisée, élaborée à partir de la fermentation de raisins ». Auparavant, la définition du vin était bien moins précise, ce qui permettait la vente en toute légalité de vins coupés avec du sucre, de l'alcool, voire des arômes. Afin de lutter contre l'alcoolisme, la Douma vient également de voter une loi faisant de la bière une boisson alcoolisée (la dénomination entrera en vigueur en 2013), ainsi que d'interdire la vente de vins et spiritueux en boutiques après 22 heures. Elle se préoccuperait actuellement d'un projet de loi sur l’augmentation du prix de la vodka.
La production russe de vins était de 8,2 millions d’hectolitres en 2010, ce qui en fait le septième pays producteur de vin (derrière le Chili, devant le Portugal). On estime que 40 millions de Russes sont des consommateurs de vins, ce qui représente moins de 30 % de la population russe totale.