l semble que la viticulture sera héroïque ou ne sera plus après ce millésime 2011 ! Les incidents climatiques se succèdent à un rythme soutenu cette année et rappellent à chaque vigneron que rien n’est acquis tant que les raisins n’ont pas été récoltés. Si il y a plus eu de crainte que de mal, la côte Est des Etats-Unis a vu se succéder les cataclysmes durant la fin août. Les vignobles de Caroline du Nord ont ainsi été traversés par l’ouragan Irene, ceux de Virginie ayant été secoué dans la même semaine par un tremblement de terre. A l’heure actuelle les vignerons américains se sentent chanceux, les inondations et les dégâts de la vigne par le sel étant très limités. Ils sont actuellement plus préoccupés par l’invasion d’une punaise nord-américaine (Halyomorpha halys).
Les domaines de la vallée de la Moselle ont été bien moins chanceux. Le 26 août dernier une violent tempête s’est déchaînée sur la région allemande, accompagnée de fortes averses de grêle. Les grêlons se sont abattus sur certaines exploitations, réduisant parfois de moitié les espoirs de récolte. Phénomène climatique très localisé et par nature très aléatoire, la grêle est un risque majeur pour les rendements des cultures. Des moyens de lutte existent (filets paragrêle, canons anti-grêle...) mais restent peu utilisés en viticulture de cuve, ces technologies sont plus communes pour la production de raisins de table où le bon état des grappes est essentiel. De plus, des assurances permettent de réduire les dommages économiques liés à un épisode de grêle.
Dans les vignobles de France, les épisodes de grêles se succèdent depuis la seconde moitié du mois d’août. L’un des plus récents est celui qui a dévasté l’ouest du vignoble de Charente-Maritime l’après-midi du premier septembre. Le matin même, c’était des vignes de l’appellation Saint-Estèphe (Médoc) qui étaient touché par les chutes de grêlons, laminant le feuillage et abîmant à divers degrés les baies. Les châteaux Cos d’Estournel et Cos Labory ont notamment été atteints. Les vignobles de Loire-Atlantique ont fait face à un épisode de grêle le 22 août dernier, si les dégâts directs sont limités, la crainte du développement de Botrytis sur les raisins blessés est fortement présente et oblige les exploitants à hâter leurs travaux. Mais les grêlons ne sont pas exclusivement estivaux, à la fin avril, les Corbières avaient subi un orage de grêle aux effets dévastateurs (pour lire notre article de l’époque à ce sujet, cliquer ici), dont les vignes ne se sont toujours pas remises.
Les dégâts de grêle ont des effets variés selon le moment où ils surviennent. Quand ces phénomènes sont printaniers, ils peuvent toucher plusieurs stades de développement de l’appareil végétatif. Avant la levée de dormance hivernale, les bourgeons principaux sont particulièrement vulnérables. Si ces derniers sont détruits par des grêlons, le développement végétatif de la vigne peut quand même continuer. Des bourgeons secondaires se développeront en compensation. Les rendements seront quoiqu'il en soit diminués, car ces bourgeons auxiliaires sont moins fructifères que les principaux. Dans le cas où le développement végétatif a débuté, les réactions de la vigne à la grêle seront similaires : des entre-coeurs latéraux peuvent remplacer la tige principale cassée. Quand la grêle se déroule avant, pendant ou après les vendanges, les dégâts sont facilement visibles sur le feuillage, les raisins, l'état sanitaire... Mais les ceps de vigne ont également été endommagés plus insidieusement. Les bourgeons de l’année prochaine étant en effet déjà présents, qu’ils soient en développement ou dormants, le développement végétatif et la récolte suivante sont aussi atteints. Ainsi un épisode de grêle est-il désastreux pour les vendanges de l'année même et pour les prochaines.