es propriétaires de cinq monopoles des Côtes de Nuits ont réclamé au début 2011 l’interdiction de l’usage de machine à vendanger dans leurs domaines. Ils ont pour ce faire usé de leur capacité à demander la modification unilatérale de leurs cahiers des charges. Cet amendement devrait bien être effectif pour la campagne 2011. Si les domaines à l’origine de cette requête pratiquent déjà des vendanges exclusivement manuelles, leur initiative se veut être l’amorce d’une interdiction des machines à vendanger généralisée à l’ensemble des Grands Crus de Bourgogne pour 2014.
« 5 % des Grands Crus bourguignons ont recours à des machines à vendanger, mais ça suffit à ternir notre image », confiait récemment Louis Michel Liger Belair (président de l’Union des Grands Crus de Bourgogne) au journal angais Decanter. Cette déclaration témoigne bien du rejet persistant de certaines régions viticoles traditionnelles vis-à-vis de la mécanisation des vendanges. Si ces cinq grands crus bourguignons sont assez prestigieux pour ne pas avoir à envisager le recours à vendangeuses, bon nombre d’exploitations sont séduites par la l’économie et la praticité de cet outil. Avec une machine à vendanger, la date de récolte reste bien fonction de l’avancée des maturités et non de la disponibilité de la main d’œuvre.
Depuis leur apparition dans les vignobles français dans les années 1970, la mauvaise réputation qualitative des vendangeuses mécaniques perdure. L’Institut Français de la vigne et du vin (IFV) constate pourtant que bien maîtrisée et préparée (aussi bien au vignoble qu’en cave) la vendange en machine donne d’aussi bons résultats que la vendange manuelle. Comme toute nouvelle technologie viticole, une adaptation du vignoble est nécessaire à sa bonne intégration dans l’itinéraire technique. Si la tenue des vignes (répartition des zones fructifères notamment) est essentielle, les réglages de la machine sont primordiaux. Le recours à une main d’oeuvre qualifiée est nécessaire afin de bien déterminer la vitesse d’avancement, le pincement (pour effectuer un secouage et pas un cassage des ceps).
Si la vendange mécanique donne de bons résultats, elle n’est pas forcément adaptable à toutes les situations. Les fortes pentes (communes dans le vignoble bourguigon) peuvent être limitantes, comme la sensibilité de certains cépages à ce traitement mécanique (c’est le cas du pinot noir). Comme tout travail effectué en tracteur, les risques de tassement et de dégradation des sols doivent être pris en compte. Actuellement, les seuls vignobles français à interdire par décret de l’INAO l’utilisation généralisée des machines à vendanger sont ceux spécialisés dans les effervescents (Champagne, Limoux...) et la macération carbonique (Beaujolais). Les vendanges manuelles sont également obligatoires pour des appellations pratiquant des tries précises (Sauternes, Jurançon,...).
* : Ces crus prestigieux sont situés sur les terroirs de Vosne-Romanée (La Tâche, La Romanée, Romanée-Conti, La Grande Rue) et de Morey-Saint-Denis (Clos-de-Tart).
[Photo : ForumGrosTracteursPassion]
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