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Phytosanitaires : débats sur la mortalité des abeilles
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Phytosanitaires : débats sur la mortalité des abeilles

Par Alexandre Abellan Le 29 juillet 2011
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Phytosanitaires : débats sur la mortalité des abeilles
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onstatée à la fin du siècle dernier, l’ampleur de la mortalité des abeilles est un fait reconnu par tous les acteurs du monde agricole européen et américain. L’extinction progressive de ces populations ne touche pas que les 70 000 apiculteurs français élevant des abeilles domestiques (Apis mellifera). Elle a également des impacts directs sur l’ensemble de l’écosystème agricole, vignobles compris. Les abeilles sont en effet des agents pollinisateurs de premier ordre, et si la vigne possède des fleurs hermaphrodites qui s’autofécondent, les abeilles permettent le maintien de la biodiversité florale de tout le vignoble (bandes enherbées, haies, fossés...).

Début juillet 2011, l’Institut National de la Recherche Agronomique d’Avignon et le Centre National de la Recherche Scientifique de Clermont-Ferrand publiaient une étude sur les relations entre pathogènes et toxiques. Les chercheurs y annoncent que « l’infection par Nosema ceranæ (champignon qui colonise l’intestin des abeilles jusqu’à ce que mort s’ensuive), entraîne une plus forte mortalité des abeilles lorsque celles-ci sont exposées à de faibles doses d’insecticides. » Même à des doses bien inférieures à celles létales (100 fois inférieures à la DL50* de chaque insecticide) on observe un effet combiné entre le champignon N. ceranæ et les molécules étudiées (fipronil et thiaclopride). Les raisons de cette synergie ne sont pas encore connues. Dans leurs conclusions, ces équipes de recherche déclarent « la nécessité d’améliorer la gestion et la protection du cheptel apicole face au danger que représentent les pollutions environnementales (à dose jugées non létales) et les pathogènes sur la santé de l’abeille. »

Sans tarder le groupe allemand BASF a publié un communiqué critiquant cette étude, le fipronil étant une molécule de BASF que l’on retrouve dans son insecticide Regent TS, traitant les semences de maïs. Le fournisseur de produits phytosanitaires reproche à l’INRA et au CNRS de faire une lecture partielle (pour ne pas dire partisane) de leurs résultats. Selon le laboratoire, cette étude montre au contraire une hiérarchisation des causes de la mortalité des abeilles au sein de laquelle le champignon serait le principal responsable et serait une « cause majeure de la mortalité des abeilles, qui a été négligée pendant trop longtemps ».

La Confédération Paysanne s’est empressé de dénoncer l'attitude de BASF, qui consisterait à « dénigrer systématiquement les études montrant l'effet délétère du fipronil sur les abeilles ».  Le débat au sujet du fipronil remonte en fait à 2004, lorsque l’autorisation de commercialisation de cette molécule avait été suspendue, car des mesures indiquaient que la molécule aurait entraîné la surmortalité d’abeilles. Cette affaire du Regent TS avait donné lieu à une ordonnance de non-lieu à Saint-Gaudens, le 30 janvier 2009, qui a été confirmé par la décision de justice de la Cour d'Appel de Toulouse, datée du 2 septembre 2010. Le Regent avait été mis hors de cause par la justice, qui « concluait à une réalité multifactorielle  des causes de la mortalité des abeilles domestiques, en soulignant la prééminence des facteurs biologiques. » C'est ce dont traite l'étude de l'INRA et du CNRS, à l'étonnement de BASF qui « ne comprend pas pourquoi ces chercheurs se sont intéressés à une molécule qui n'est plus commercialisée depuis 2004 ». Si tous ces acteurs s'accordent sur la nécessité d'intégrer des modélisations multifactorielles pour diminuer la mortalité des abeilles, espérons que ce soient bien les abeilles qui puissent faire leur miel de ces démarches.

* : la DL50 est une dose déterminée en laboratoire. A partir de cette dose, le produit testé est létal pour 50 % d’une population d’insectes sains.

[Photo : RapazFrères.ch]

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Tous les commentaires (1)
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Jacques Fabry, avioclimatologue Le 29 juillet 2011 à 14:34:57
Leur très longue querelle empêche de voir qu'en fait les abeilles et les autres insectes disparaissent de plus en plus accidentellement : http://www.eauseccours.com/article-tomber-comme-des-mouches-sens-propre-et-sens-figure-79012758.html
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