ans son étude pour la Chambre d’Agriculture de Gironde, Florence Lamoureux (Conseillère d'Entreprise à l'URABLT-ADAR) décrit les 6 150 entreprises viticoles du vignoble bordelais. Selon ses données, la Gironde est le premier bassin viticole d’appellation d’origine en France, ses 60 AOP représentant le 1/4 de la surface AOP totale française. Des 5 059 millions d’hectolitres commercialisés durant la campagne 2009-2010, 52 % étaient commercialisés en vrac et 48 % en vente directe.
L’étude a séparé les exploitations en 5 grands groupes de positionnement selon les parts de vente de vin en vrac et embouteillés.
Le suivi régulier de 23 exploitations représentatives a permis d’affiner les caractéristiques de ces entreprises :
Si l'on se penche sur la structure et les enjeux de ces exploitations, on s'aperçoit que les exploitations livrant leurs raisins aux caves coopératives ont généralement une échelle familiale et cherchent principalement à diminuer leurs coûts de production. Elles ont pour principale contrainte leur dépendance aux caves coopératives, qui imposent des cahiers des charges viticoles de plus en plus pointus. Les vignerons produisant du vin en vrac à destination ont dernièrement tendance à améliorer leurs travaux en vigne et au chais, afin d’optimiser leurs coûts de production. Ces exploitations cherchent des contrats pour stabiliser leurs ventes et revenus. Mais le négoce et les courtiers dont ils dépendent ont plutôt tendance à aller dans le sens inverse Les domaines mixtes (vrac, bouteilles et cave coopérative) seraient actuellement sur le déclin dans les AOP génériques du bordelais. Dans ces petites structures, l’exploitant occupe le plus de postes, de la vigne à la commercialisation, cherchant à se diversifier à peu de frais, ce qui peut conduire à un positionnement stratégique confus et inadapté aux marchés.
Pour les exploitations tournées principalement vers le vin embouteillé, il faut distinguer plusieurs cas. Il y a les exploitations familiales vendant la bouteille entre 2,5 et 4,5 €, en circuits courts ou longs. Elles sont dynamiques (conversion au bio, développement de l’offre œnotouristique...), la fidélisation des clients et la visibilité commerciale leur posent problème. Ensuite, il y a les domaines d’appellations porteuses, qui affichent un prix de vente entre 4,5 et 10 € en circuit court. Ils sont orientés sur le haut de gamme, ce qui apporte une bonne stabilité économique (ces exploitations n’ont pas souffert de la crise), même si les capitaux en jeu posent par ailleurs des problèmes de transmission. Les exploitations qui vendent leurs bouteilles à plus de 10 € ont une stratégie de niche centrée sur le luxe. Ces propriétés appartiennent souvent à des fonds d’investissement et pratiquent les ventes en primeur à caractère spéculatif. Le coût d’achat de ces domaines prestigieux est si important, que le retour sur investissement est en comparaison bien faible.
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[Image : création Vitisphere]