oates & Seely, producteurs de mousseux dans l’Hampshire (Sud de l’Angleterre) viennent de griffer leurs bouteilles de la dénomination ‘‘Britagne’’ (contraction de Britain et de Champagne). Ils espèrent que dans 10, 20 ou 100 ans un client de pub demande naturellement un verre de Britagne au barman. Christian Seely, co-fondateur de Coates & Seely et par ailleurs directeur d'Axa Millésimes, affirme « que les termes ‘‘vin anglais pétillant’’ ou ‘‘vin mousseux de qualité’’ ne rendent pas justice à nos produits, c’est trop littéral. Cela revient à appeler une jaguar une élégante petite voiture anglaise. »
Pour mériter le nom « Britagne » , ces vins devraient utiliser les cépages champenois traditionnels, ainsi que pratiquer une seconde fermentation en bouteille, c’est à dire respecter la méthode traditionnelle (champenoise), ici rebaptisée « méthode britannique. » Ce n’est pas la première initiative de ce type : Mike Roberts nomme déjà ‘‘Merret’’* les vins de son domaine Ridgeview. S’il utilise ce terme pour sa propre production, il envisagerait d’en faire une marque utilisable par des producteurs répondant à « un cahier des charges équivalent à celui du Champagne, si ce n’est plus exigeant. »
Les réactions de la production anglaise face à cette initiative sont mitigées. La plupart s’accordent sur le besoin d’un nom générique, afin de pouvoir communiquer sur l’amélioration qualitative des produits, mais certains jugent la démarche trop précoce, « la viticulture anglaise est encore trop jeune pour fixer des catégories et des noms. » D'autres pensent que la promotion des marques, ou des régions, plus que d'un terme générique serait plus efficace pour promouvoir ces vins anglais.
* : en hommage au docteur Christopher Merret, qui aurait fait état dès 1662 la théorie de l’ajout de sucre et de mélasse (l’ancêtre de la liqueur de tirage) pour amorcer la seconde fermentation alcoolique en bouteille (avant que Dom Perignon ne pose les bases de l’assemblage de la méthode champenoise vers 1668)
[Source : Decanter, 2011]