ichel Delpon vient d’être élu pour deux ans président du Conseil Interprofessionnel des Vins de la Région de Bergerac (CIVRB), comme cela était attendu. Il succède à François Gérardin (propriétaire du Château Le Fagé, en Côtes de Bergerac et Monbazillac), qu’il « félicite pour avoir tenu la barre, avec rigueur et sérieux, malgré la crise. »
Si les ventes de Bergerac ont faibli l’an dernier, « par un effet de balancier lié à l’augmentation des prix, la situation du vignoble bergeracois est relativement saine sur les treize appellations (Montbazillac, Montravel, Pécharmant...). La production correspond aux ventes et nous n’avons pas baissé le pavillon malgré la crise. » Les stocks ont augmenté en 2010 (477 000 hL, soit + 8,8 % ), mais ils ont bien diminué sur les 5 dernières années (- 20 % selon le BIVRB). La situation est particulièrement bonne pour les vins blancs, principalement moelleux en Bergerac. Le tonneau de 900 L de vin blanc moelleux se vend en moyenne à 1 078 € et celui de Montbazillac à 2 619 €. Michel Delpon précise qu’ « il y a encore des progrès à réaliser pour les vins rouges (765 € le tonneau), afin d’atteindre le pallier des 900 € le tonneau, » ce qui ferait passer les prix des vins en vrac de Bergerac au dessus des vins bordelais. La progression des cours est l’un des objectifs majeurs de son mandat, ainsi que l’amélioration de l’image des vins de Bergerac.
En France, les vins de Bergerac se vendent principalement en grandes surfaces, puis en Café-Hôtels-Restaurants, puis en cavistes et enseignes spécialisées. Selon le classement Rayon Boissons 2010, le Bergerac rouge est la huitième appellation vendue en grande distribution en France, notamment grâce à l’importante offre de marques distributeurs. Afin de maintenir ces parts de marchés, le CIVRB va lancer en fin d’année (après les foires au vin) un grand jeu concours mettant en jeu des voyages dans le Périgord. Une telle opération avait déjà été effectuée il y a deux ans, son succès avait été démontré par le gain d’une place au classement des appellations les plus vendues en grande distribution. Les vins blancs et rosés (dont les volumes et ventes ont doublé en cinq ans) ne sont pas présents dans ce classement.
Le marché étranger principal de ces vins est la Hollande, vient ensuite le Benelux, l’Allemagne... Les vins de Dordogne font par ailleurs leur retour au Royaume-Uni. Le marché asiatique est un créneau à développer, « même s’il est actuellement très bien exploité » selon Michel Delpon. Des actions ciblées et adaptées de la SOPEXA et de FranceAgrimer sont réalisées sur ces marchés. En tout, le budget communication du CIVRB est de 2 millions d'euros (à partir de cotisations et de subventions). La campagne actuelle des vins de Bergerac se focalise sur une démarche jeune et moderne, portée par le slogan « des moments natures. » En attendant que la signature des vins du Sud-Ouest finisse de se développer (la démarche serait en bonne voie, pour voir notre article à ce sujet, cliquer ici), le CIVBR mise sur l'œnotourisme pour affirmer son identité auprès de ses consommateurs. L'offre se résume actuellement à une route des vins (140 domaines) et à une maison des vins/boutique de dégustation (le cloître des Récollets). Le CIVRB vient de passer un appel d'offre pour un musée scénographique dédié à Cyrano de Bergerac. Le retour de l'étude est prévu pour la fin 2011 et les premières actions sont attendues pour courant 2012. Cet espace consacré à la grande figure locale a pour objectif d'attirer 50 000 visiteurs par an et de faire la promotion des vins locaux.
Michel Delpon est le directeur commercial des vignobles Producta, société de négoce à actionnariat coopératif (pour accéder à l’interview de Gilles Berty, directeur général, cliquer ici) qui commercialise des vins provenant de l’ensemble de l’Aquitaine. En 2010, le chiffre d’affaires était de 43 millions d’euros pour 18 millions de bouteilles vendues (dont 4 à 5 millions en provenance de Bergerac).