ors du 34e Congrès de l’Organisation Internationale de la vigne et du vin (OIV), Frederico Castelucci a exposé les statistiques mondiales de la production viticole et s’est attardé sur le cas de l’Inde.
En 2010, la production de raisins (table et cuve) est estimée à un peu plus de 1,88 millions de tonnes, soit l’équivalent de la production iranienne. L’Inde devient ainsi le neuvième pays producteur de raisins dans le monde. C’est l’un des rares pays à afficher une croissance de sa production de raisin (table et cuve), comme la Chine (n°3 mondial), la Turquie (n°6) et l’Argentine (n°8).
Le vignoble indien reste cependant de petite envergure, avec 22 000 hectares pour approximativement 2 millions de caisses de vins vendues par an (selon Ranjan Mathai, ambassadeur de l’Inde en France). La viticulture indienne de cuve ne se reconstruit réellement que depuis une trentaine d’années. C’est la plantation en 1982 du vignoble de Chateau Indage dans l’état de Maharashtra (centre-ouest de l’Inde) qui a marqué le renouveau industriel de cette filière.
Frederico Castelucci a par ailleurs indiqué, lors de ce Congrès de l’OIV, que l’Inde devrait bien devenir le 45e pays membre de l’OIV (pour lire notre article à ce sujet, cliquer ici). Les Etats membres de l’organisation votent le 12 juillet à ce propos et ce ne devrait être qu’une simple formalité. Subhash Arora est par ailleurs devenu le premier Indien décoré par l’Ordre du Mérite de l’OIV. Il est le fondateur de l’Indian Wine Academy de New-Dehli, ainsi que du premier site d’information sur le vin en Inde (delWine), il est également juge dans de nombreux concours internationaux. Cette distinction récompense son activité de promotion du vin en Inde. Sandhi, un vin blanc de Santa Barbara (Californie) est à l’origine d’un véritable buzz aux Etats-Unis. Jusque là inconnu, il a été servi lors d’un dîner caritatif pour la cause homosexuelle, auquel le président Barack Obama assistait. Ce vin de chardonnay a une autre particularité notable, son winemaker est Rajat Parry, un Indien amoureux de la Bourgogne, est expatrié aux Etats-Unis.
Si la reconnaissance internationale de l’Inde viticole est en bonne voie avec de tels ambassadeurs, le marché de consommation indien reste plutôt décevant. Selon les Chambres du Commerce Indiennes (ASOCHAM) la consommation de vin devrait s’élever à 14,7 millions de litres à la fin 2012, alors qu’elle était de 4,6 millions de litres en 2008. La consommation par tête passerait ainsi de 9 mL par an à 30 mL. Si ces résultats sont encourageants, ils sont bien en dessous des projections qui avaient été réalisées auparavant. En 2004 on estimait la consommation indienne à 10 millions de litres en 2008 et à 17 millions de litres pour 2010.
De nombreuses raisons peuvent expliquer cette croissance en demi-teinte. Premièrement, la culture indienne voit d’un mauvais oeil la consommation de boissons alcoolisées (selon les états, l’âge légal minimum de consommation de boissons alcoolisées oscille entre 18 et 25 ans). Le vin est moins bien implanté et démocratisé que les spiritueux ou la bière. Les consommateurs sont pour l’instant concentrés dans les grandes villes de Mumbai (ex-Bombay), Delhi, ou dans les états de Goa, Bangalore et du Punjab. De plus, les droits d'accise et taxes douanières élevés trahissent le désintérêt du gouvernement indien pour la filière.
Si le marché de la consommation indienne déçoit, c'est probablement à cause de l'inévitable comparaison avec le marché chinois. Le développement du marché indien semble ne pas être à la hauteur des attentes, ou plutôt des espoirs, portés trop généralement sur le marché asiatique.