menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Gens du vin / Jean-Michel Deiss : "Des vins de cépage aux prix pratiqués par la concurrence internationale, c'est 80 % de la filière française qui meurt"
Jean-Michel Deiss : "Des vins de cépage aux prix pratiqués par la concurrence internationale, c'est 80 % de la filière française qui meurt"
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Jean-Michel Deiss : "Des vins de cépage aux prix pratiqués par la concurrence internationale, c'est 80 % de la filière française qui meurt"

Par Anne Serres Le 28 juin 2011
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Jean-Michel Deiss :
D

ans le cadre de la conférence du groupe Sopexa (pour relire notre article, cliquez ici), le vigneron alsacien Jean-Michel Deiss est intervenu : « Je suis d'accord pour dire que le réglage alsacien représentait jusqu'au 1 Aout 2009 un idéal correspondant à une position d'équilibre du marché, entre la mention d'un cépage, facilement compréhensible et celle d'une origine plus complexe à appréhender. Mais pour décider aujourd'hui si la demande des vins de cépage est un mirage ou un eldorado, il faut intégrer un élément très important : celui du contexte actuel qui est un contexte de crise.

 

En matière de vins de cépages, le coût de production mondial du kilo de raisin est passé de 1,5 $ à 0,50 $, ce qui portera le prix moyen de la bouteille d'un vin de cépage, l'alphabet, l'esperanto du vin, sa première clé, d'un peu plus de 3 $ à un peu moins de 2 $, soit de 2,4 à 1,8 € environ .

 

A ce prix là, c'est la mort pour 80 % des opérateurs français. Il nous faut trancher cette question rapidement car l'économie ne nous laissera pas le temps de gloser. De plus le nouveau monde est en train de s’approprier les codes du terroir ( et sa marge) …alors que nous investissons ceux du cépage . Le monde a l’envers !

 

Je suis pour la transparence de l'étiquetage : nous devons au respect du consommateur de lui donner des informations complètes. En AOP  le cépage n'est qu’un élément informatif parce que son expression est couverte ou contrariée par les valeurs communicantes du terroir. Je ne saurai jamais si le  Châteauneuf du pape que je bois est issu d'une syrah réductive ou d'un grenache oxydatif parce que je fantasme sur les galets roulés du Rhône  !

 

Une réforme majeure est intervenue le 1er août 2009, à nous d'en tirer les conséquences et de savoir où sont nos gènes : les cépages sont légitimes sur une partie du marché , en Sans IG ; pas en AOP ou ils sont un outil transparent  parmi d’autres .

 

Il faut repréciser le vocabulaire : le terroir c'est la somme de tous les renoncements à tout ce qu'il est techniquement possible de faire pour plaire au consommateur moyen . En AOP nous sommes au contraire  dans une logique d'offre : je présente mon identité et je crée ma demande. Nous, producteurs français, sommes souvent en train de désespérer nos clients export qui ont surinvesti dans nos valeurs, manifestant  presque un fantasme du vin français. Nous nous devons donc  de leur faire entendre que nous sommes capables d'expliquer nos terroirs, de revenir à l'essentiel, de segmenter l'offre et de ne pas surfer sur ce qui est de l'ordre de la mode. Quand celle du chardonnay sera passée, il restera le Meursault Charmes. »

 

Notre photo : Jean-Michel Deiss lors de l'assemblée générale 2011 de l'association SEVE à Châteauneuf du Pape.

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (3)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
David Cobbold Le 03 juillet 2011 à 18:10:15
Jean-Michel Deiss a raison pour lui et pour ceux qui travaillent dans la même optique que lui. Mais quel est le prix moyen de vente de ses vins ? Autrement dit, il s'agit d'une approche destiné à une élite (financière et intellectuelle) et ne peut toucher ni intéresser la plupart des consommateurs qui ont besoin de clefs simples pour comprendre une offre incroyablement complexe qui leur vient des 4 coins du monde (et pas seulement de la France). Et il y a de la place pour les deux sortes de vin en France : vins de "terroir" et les autres. Je ne suis pas aussi défaitiste que lui quant aux possibilités en France d'être compétitif sur le segment des vins de cépage qu'il semble un peu dédaigner. Entre 4 et 10 euros, il y a énormément de vins qui peuvent faire valoir leurs atouts, tout en restant accessibles par une étiquettage compréhensible par des non-initiés. Et on peut très bien "doubler" nom d'appellation et nom de cépage, pour plus de clarté encore. Regarder la réalité des marchés en face n'est pas faire preuve de "néo-libéralisme"! On ne résoud pas des difficultés avec des slogans ou de la théorie politique, mais en observant les consommateurs, et ceux-ci sont nombreux et multiples dans leurs attentes, ce qui nécessite une approche plus nuancée que dogmatique, il me semble.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Arnaud Fabre Le 30 juin 2011 à 11:26:37
Mr Deiss a raison si l'AOP correspond à des vins d'excellence. Tant qu'il y aura des AOP régionales englobant des vins simples, sans réelle identité gustative, même s'ils sont bons, on aura besoin d'autres arguments, comme le cépage, la marque, etc. pour les vendre. Une solution : passer les AOC régionales en IGP, mais ce n'est pas le chemin que l'on a pris.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Jean Paquette Le 30 juin 2011 à 09:27:02
Merci, Jean-Michel Deiss, d'exprimer avec tant de simplicité et de clarté le noeud de la viticulture et du vin, de sa production et de son marché. J'y ajouterai un élément : le VIGNERON. C'est lui qui produit un vin de grande qualité, sur un sol, sous un climat qu'il a appris, avec le temps, à connaître en finesse et qu'il va exprimer avec des cépages et des techniques. C'est ce qu'on fait beaucoup de vignerons de France depuis quelques ... siècles. avec un certain succès. Toutes autres sont les voies purement techniques (cépages, bois, ...) ou affairistes (je rachète une propriété, j'y mets l'argent qu'il faut, et une fois qu'elle brille, je la revend avec un bon profit) séduisent les tenants du "néo libéralisme" mais ne sont pas porteuses à long terme pour le vin français.
Signaler ce contenu comme inapproprié

vitijob.com, emploi vigne et vin
Saône-et-Loire - CDI SAS Maison LOUIS JADOT
Vaucluse - Alternance/Apprentissage Famille Petitjean
Hérault - CDI SAS CAVE DE L'ORMARINE
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Gens du vin
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé