ne nouvelle réglementation européenne autorise l'élaboration de vins effervescents sous le régime de l'Indication d'origine Géographique Protégée. L'IGP Pays d'Oc a fait part de son vif intérêt et pourrait décliner très bientôt ses vins de cépage en version bulles. L'inquiétude est vive chez les producteurs des AOP Blanquette et Crémant de Limoux.
Le marché des effervescents a le vent en poupe, les appellations et les marques rivalisent d'arguments : une tradition de cinq siècle vient à l'appui de la méthode ancestrale de la Blanquette de Limoux. Les effervescents de Limoux, Blanqette et Crémant, se sont développés en misant sur l'appellation d'origine et revendiquent ce positionnement avec un réel succès commercial : leurs ventes ont progressé de 7,4 % depuis janvier 2011. Une concurrence de produits d'opportunité produits et proposés au consommateur à moindre coût a de quoi inquiéter les producteurs d'effervescents en général et les producteurs limouxins en particulier. Les crémants, tous en AOC, ont su se positionner par rapport au champagne et n'avaient jusqu'ici à craindre sur le marché domestique "que" la concurrence des effervescents étrangers. Des effervescents en IGP pourraient modifier considérablement la donne, sur le marché domestique, mais aussi à l'export. Moins exposés, car ils misent surtout sur le marché français, les crémants, blanquettes ou clairette seraient cependant encore plus vulnérables sur les marchés étrangers.
Richard Planas, directeur du syndicat de l'AOC Limoux explique dans les colonnes de Midi Libre : « Vu de l’autre bout de la planète, on aura bel et bien des effervescents concurrents issus du Languedoc. Dans un marché qui progresse, pourquoi pas ? Encore faudrait-il être en concurrence loyale ! Ce ne sera pas le cas, car nos vins sont limités à un rendement de 60 hectos/hectare, alors que les Pays d’Oc sont à 90. En plus, je crains qu’ils aient un cahier des charges plus laxiste. Au final, on peut supposer une différence du prix consommateur entre 25 et 50 % en notre défaveur. (...) On manque d’esprit collectif. Le plus fort de café c’est que notre zone est l’un des premiers producteurs de Pays d’Oc. C’est notre famille ».
Jacques Gravegeal répond : « Il n’y a pas de confusion possible. Toutes les grosses entreprises de négoce nous sollicitent pour des “bulles” de qualité avec des cépages. Quand on vous offre la possibilité d’aller dans le sens du commerce, je ne peux que soutenir ceux qui veulent s’en saisir .»
Le CIVL se pose en médiateur : pour son directeur, Jérôme Villaret, « on aura du mal à s’opposer à cette volonté des Pays d’Oc. Mais on souhaite un débat interprofessionnel pour organiser la croissance harmonieuse des deux filières. Car il y a un risque que les nouveaux effervescents cassent le marché. »
[ Source : Midi Libre ]