our sa quatrième édition, la journée scientifique organisée par l’Institut des Hautes Etudes de la vigne et du vin (IHEV) et l’Unité Mixte de Recherche des Sciences pour l’Oenologie (UMR-SPO) a permis de faire le point sur les dernières avancées de la recherche viti-vinicole. Dans une perspective de " formation continuée " (selon Jacques Maillet, directeur adjoint de Montpellier SupAgro), 18 conférences se sont tenues durant la journée du 20 mai 2011 du campus de Montpellier SupAgro (ex-ENSAM). L'œnologie a été le thème dominant. A l’initiative d’Hervé Hannin (directeur de l'IHEV), la journée a débuté par une minute de silence à la mémoire du professeur Pascal Ribéreau-Gayon.
L’évolution de la viticulture face au changement/réchauffement climatique a été sous-jacent à la majorité des présentations. L’adaptation des itinéraires techniques pourrait être une solution permettant de maintenir les performances à moyen terme. Les travaux de Christian Gary donnent des pistes complémentaires et alternatives à l’irrigation. Selon ses premiers résultats, des stratégies adaptatives d’enherbement et d’entretien des sols, permettraient de rendre réguliers la maîtrise du ruissellement à la parcelle,ainsi que les rendements, la qualité des produits et le développement végétatif. La création variétale est une des solutions envisageables à long terme pour répondre aux besoins des viticulteurs. Jean Michel Boursiquot appuie sur le fait que « la filière doit être associée à la recherche pour l’élaboration de cahier des charges, qui regrouperaient les attentes principales et durables des vignerons. Les Comités Scientifiques et Technologiques de l'IFV seraient le lieu pour de tels échanges. » Loïc Le Cunff a relevé deux défis dans cette démarche : celle technique de la tolérance à la sécheresse et celle culturelle de l’attachement aux cépages traditionnels. Il a tenu à bien préciser que « l’on ne peut pas reproduire un cépage (à cause de la ségrégation génétique), mais on peut tenter de s’en rapprocher par rétro-croisements. »
Rebondissant sur ce sujet viticole majeur qu’est le stress hydrique, Didier Ollé l’a relié à la thématique œnologique de la synthèse des flavonoïdes (illustration de cet article). Selon ses travaux, la synthèse des tanins n'est pas affectée significativement par des conditions climatiques sèches, alors que l'on trouve des différences en qualité et en quantité pour les anthocyanes (composés donnant leur couleur aux vins rouges). La recherche œnologique montpelliéraine a par ailleurs montré la diversité de ses travaux en allant du raisin aux co-produits en passant par le moût, les levures et la synthèse des arômes. Si certains de ces sujets tenaient de la recherche fondamentale, la plupart s'inscrivent dans une démarche de réponse aux enjeux actuels de la filière. Travaillant sur le traitement de la casse protéique des vins blancs, François-Xavier Sauvage cherche à diminuer l'utilisation de la bentonite et ainsi réduire les effluents qui en sont issus. Ses recherches montrent que le collage sur moût permet non seulement de d'utiliser moins de bentonite, mais aussi d'éviter des fermentations languissantes, sans qu'il y ait d'absoprtion de couleurs ou d'arômes.
Le pan socio-économique de la filière viti-vinicole a également été examiné. Ayant une approche réseau originale du monde viticole, Jean-Marc Touzard a relevé un paradoxe français : « ce sont les régions qui ont les pôles de recherche universitaire les plus développés (Languedoc-Roussillon, Gironde) qui ont le moins résisté à la crise. » Mais pour lui, le cœur du problème ne serait pas à chercher dans un mauvais transfert des technologies, mais dans un manque de stratégies commerciales et de démarches qualitatives. Pour lui, l’articulation des réseaux professionnels est la clé du regain de compétitivité de la France viticole.
Cette journée s'est conclue par une intervention malicieuse de Michel Moutonnet (à la retraite depuis 3 ans) qui a appuyé le besoin de bien définir le terme d'innovation, afin de ne pas en abuser à tort et à travers. Il a cependant fait remarquer l'ébullition actuelle de la recherche, qui se met au service des besoins de la filière en intégrant de manière transversale marketing, idéotypes, environnement... La prochaine session de cette Journée de la vigne et du vin se déroulera en 2013. Cet événement a par ailleurs été suivi par la 2nde édition du gala des élèves de viti-œnos de l’Agro, soirée placée sous le parrainage de Claude Flanzy.