Avis d'Expert : Yiran Liu contre trois idées reçues sur le marché du vin en Chine

irectrice de la Maison du Languedoc Roussillon à Shanghaï, Yiran Liu était au salon Millésime Bio. Au contact quotidien des acheteurs chinois comme des producteurs français, elle fait le point sur un marché chinois en évolution constante et rapide, où l'on aurait trop tôt fait de considérer un constat comme acquis et d'en faire une idée reçue...

Idée reçue n°1 : les Chinois n'aiment pas les vins tanniques
Faux, répond Yiran Liu : l'éducation au vin progresse à peu près aussi vite que les ventes de vin en Chine. De fait, les Chinois apprennent à déguster, à comprendre les tannins, à les percevoir comme un signe de qualité lorsqu'ils sont bien intégrés dans le vin. Les formations au vin apprennent aux Chinois à appréhender l'équilibre global d'un vin donné, les tannins en font partie.

Idée reçue n°2 : les Chinois n'achètent que du vin rouge
Encore faux : la consommation de vin blanc augmente chaque année, surtout dans les villes côtières du sud de la Chine, où les étés chauds appellent des vins que l'on boit frais et où la gastronomie, à base de fruits de mer, appelle des vins blancs.
Pas tout à fait faux en ce qui concerne le rosé : le marché chinois n'est pas encore tout à fait mûr pour eux. Les hommes n'en boivent pas car ils le considèrent comme une boisson destinée aux femmes, alors même que les femmes, elles aussi, en consomment peu.

Idée reçue n°3 : le marché Chinois est un marché de prix
Beaucoup de producteurs veulent s'adapter au marché chinois en abaissant leurs coûts or la plupart des importateurs recherchent avant tout l'authenticité du produit. Il y a une incompréhension majeure à ce niveau-là : les producteurs français gagneraient à rechercher les marchés mûrs pour leur produit, au lieu d'adopter une démarche inverse. C'est de plus en plus vrai et le sera de plus en plus avec le développement de la connaissance du vin par les Chinois et avec la progression d'un coeur de gamme de vins authentiques autour de 15 € en GD (20€ en restauration), alors qu'à l'entrée de gamme, un vin parti de France à 1 € arrive à 5€ en GD et 10€ en restauration.