Du Vin ou des Femmes : une étude relie consommation d'alcool et monogamie

i vous connaissez un sujet plus rebattu que celui "du vin et des femmes", faites-nous signe. Des chercheurs en économie de l'Université de Louvain, Mara Squicciarini et Jo Swinnen, renouvellent l'approche en posant la question : "du vin ou des femmes"*.  Les deux auteurs constatent que les Mormons et les Musulmans ont en commun la polygamie et l'abstinence alcoolique, mais aussi que le modèle monogame a été porté par des civilisations buveuses de vin (les Grecs et les Romains, pour qui le fait de boire du vin et de n'épouser qu'une femme était le signe d'une population civilisée, alors que les barbares buvaient de la bière et avaient plusieurs épouses). A la suite de quoi ils étudient la prédominance du modèle polygame dans les sociétés premières et les facteurs déterminant le passage au modèle monogame. Les auteurs parviennent à relier tension sociale, modèle familial et consommation d'alcool selon la formule suivante :
- sociétés de chasseurs-cueilleurs : monogames (faible tension sociale) à forte consommation d'alcool,
- sociétés agricoles : polygames (forte tension sociale et pouvoir politique fort) à faible consommation d'alcool,
- De l'Antiquité à l'âge industriel : modèle monogame promu par les sociétés consommatrices de vin (Grecs, Romains et Chrétienté) mais aussi de bière.
- sociétés post-industrielles : modèle polygame avec forte consommation d'alcool, sous forme de vin, mais aussi de bière et d'alcool distillé (les auteurs citent Fernand Braudel sur l'alcool distillé : "Le XVIème siècle l'a créé, le XVIIème l'a consolidé, le XVIIIème l'a popularisé").

Interrogé par Steven J. Dubner du blog du New York Times Freakonomics, l'un des auteurs explique que l'étude n'a pas permis de mettre en évidence l'existence d'un lien de causalité directe entre modèle social monogame et habitude de consommation d'alcool. Mais qu'en revanche, des facteurs, comme celui de la tension sociale, influent conjointement sur l'un et sur l'autre.

On note également que la particularité du vin par rapport aux autres alcools n'est maintenu dans l'étude qu'au moment d'évoquer les sociétés grecques et romaines de l'Antiquité, alors que, par la suite, il est question de consommation d'alcool et non plus spécifiquement de vin.

Steven J.Dubner se pose donc la prochaine question du débat : "buvons-nous du vin parce que nous sommes monogames ou sommes-nous monogames parce que nous buvons du vin ?"


*Women or Wine? Monogamy and Alcohol («Des femmes ou du vin? Monogamie et alcool»), étude parue sous l'égide de l’Association américaine des économistes du vin (AAWE).