Avis d'Expert de Marie-Laurence Porte (oenologue conseil) : "le millésime 2010 est encore plus beau que 2009 à Bordeaux"

l y avait dans les allées de ce salon Vinitech 2010 un je-ne-sais-quoi d'enthousiaste et de joyeux. Embellie du marché du vin ? Peut-être, mais les professionnels ont avancé une autre source à l'optimisme ambiant : la qualité du millésime 2010. "Difficile d'affirmer que c'est à nouveau le millésime du siècle", s'amuse Marie-Laurence Porte, oenologue conseil dans le Bordelais, "on ne peut pas sortir un millésime du siècle tous les ans... Mais les 2010 sont à mon sens beaucoup plus complets que les 2009. Ils en ont la structure tannique ainsi que la richesse en antocyanes, qui enveloppe cette matière dense. Les équilibres sont tels qu'à la dégustation, on craint que le vin manque de tannins pour s'apercevoir, à la lecture des analyses, que tous les composants sont là et bien là. J'ai rarement vu une telle richesse en tannins, constante sur une grande variété de terroirs et de domaines. Pourtant les vins n'ont rien de rêche, car la maturité et la complexité des composés phénoliques veloutent l'ensemble de la bouche. L'acidité est également plus élevée qu'en 2009, millésime gourmand mais qui ne sera peut-être pas aussi apte à la garde que 2010."
A ses côtés, Estelle Dessup, également oenologue-conseil acquiesce : "Je partage cette analyse. J'ajoute que 2010 confirme, à la faveur d'une météorologie de fin de campagne idéale, que de plus en plus de Bordelais prennent le risque de vendanger tard pour vendanger mûr. On se retrouve à des niveaux de rendements et de concentration des jus qui orientent les vins de Bordeaux vers une typicité qui regarde de plus en plus vers le Nouveau Monde : des vins mûrs, charnus, denses. Je travaille, notamment, avec les vignobles François Lurton et nous avons l'occasion de constater régulièrement cette filiation de style entre la vieille Europe et l'Amérique du Sud qui fait des mouvements de balancier."