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a conférence BEM-Vitisphere a réuni a Vinitech les spécialistes de la gestion de la chaîne logistique que sont Dominique Estampe, professeur à BEM, James Furgala Directeur industriel et logistique maison Bouey (maison de négoce à Bordeaux), Pierre Corvisier, Responsable R&D chez Hillebrand, spécialiste du transport des vins et spiritueux. Hervé Remeaud, responsable de la chaire VIns et Spiritueux chez BEM et Michel Rémondat pour Vitisphere ont assuré l'introduction et la conclusion de la conférence.Bien au-delà de la seule question du transport des vins (et notamment de leur expédition), l'internalisation de la supply chain peut devenir une partie intégrante de la stratégie des entreprises vinicoles et de leur service client. Elle impose la gestion d’un back office (transport, stocks, prévisionnel des vente…) relationnel et organisationnel qui peut obéir à trois grands modèles :
- Celui des vins de châteaux et grands crus, caractérisés par une gestion artisanale de la chaîne en flux poussés par le producteur, qui maîtrise la plupart de opérations supply chain management (SCM).
- Celui des vins de marque (du négoce et de coopératives) : avec une gestion de la chaîne par le négociant dans un processus de fabrication industrialisée en flux tirés (par la demande du consommateur) imposant des choix capitaux en matière de gestion des stocks (en tiré bouché ou conservation en cuve...) pour répondre au plus vite aux demande du client.
- Vins de marque de distributeurs dont le pilotage de la chaîne logistique se fait en flux tirés par le distributeur (externalisation auprès des négociants et/ou prestataires) : ce modèle impose le dialogue et le partage des risques entre les maillons de la chaîne logistique, ce qui n’est pas nécessairement le fort de la filière.
Une enquête performance de BEM menée en 2003 révèle que la filière n’a pas encore pris conscience de l’importance du SCM sur la performance du secteur. Qu’en est-il sept ans plus tard ? De l’intérêt des logiques flux et partenariats chez les producteurs ? De l’approche de la demande client par les négociants ? De la maîtrise du temps et des stocks en GD ?
Un business Agenda pour 2010 2012 compte cinq grands challenges pour le pilotage d’une chaîne logistique, parmi lesquels l'amélioration de l’exactitude des données clients pour l'optimisation de la planification des ventes et de la rentabilité. A contrario, les moyens mis en œuvre doivent rester très flexibles pour s’adapter à l’imprévu. Le coût de la chaîne doit être pris en compte en mode complet, d’un bout à l’autre de la chaîne, en intégrant la gestion des risques.
Six grands axes d'amélioration ont pu être identifiés (réduction des niveaux de stock, amélioration de la performance de la livraison, focus sur le cash management, innovation du service au client, traçabilité, question de l'empreinte CO2, l'utilisation des NTIC pour piloter l’organisation et échanger l'information).
Si l'intégration de la supply chain apparaît comme un choix stratégique pour toute entreprise vinicole, le témoignage de James Furgala témoigne des bénéfices opérationnels à retirer de la recentralisation de la logistique sur un seul site à l’occasion d’un tracé de TGV. Auparavant la maison Bouey avait divisé ses opérations d'assemblage, d'embouteillage, de stockage et d'expédition de 15 millions de bouteilles par an entre 5 et 6 sites. La centralisation sur un seul a permis à l'entreprise de réduire ses délais de 4 jours à 24h entre la commande et l'expédition. Le nouveau dépôt a permis aussi une montée en gamme pour attaquer les marchés étrangers notamment le marché chinois, mais aussi les marchés russe ou africains.
Spécialiste incontournable du transport des vins et spiritueux, Hillebrand a du intégrer à son fonctionnement des problématiques environnementales, celles liées au respect produit (notamment face à des conditions thermiques difficiles, sur les tarmacs asiatiques, russes ou africains, notamment) et introduire l'enjeu de la traçabilité sur des routes toujours plus longues.
La question de la perception du consommateur lointain ne se pose plus de la même façon rappelle Hervé Remeaud, quand le vin envoyé n'est plus réellement le produit fini puisqu'il lui reste des mois à vivre dans des conditions mal contrôlées par le producteur avant d'être effectivement consommé.