L
a vendange 2010 sera particulièrement petite pour l'appellation Cahors : 110 000 hl, soit un peu plus de 30hl/ha sur une AOC qui autorise un rendement maximum de 53 hl/ha. C'est 34 % de moins que la moyenne des cinq dernières années, à cause, notamment de phénomènes de coulure observés au printemps et d'un épisode de sécheresse cet été.Cette petite vendange intervient au moment où les vignerons de Cahors auraient préféré avoir davantage de vins pour profiter du succès croissant du malbec et de l'appellation cadurcienne (les moyennes annuelles des volumes commercialisés grimpaient sûrement : 164 356 hl sur les cinq dernières campagnes, 166 153 sur les trois dernières et 167 985 en 2009-2010). Restent 330 000 hl dans les cuves, soit l'équivalent de deux récoltes normales : de quoi voir venir.
« Oui, nous allons vers une diminution de l'offre, précise cependant Maurin Bérenger, président du syndicat de défense AOC Cahors. Malgré tout, il faudra fournir le négoce, dès début 2011, et continuer à approvisionner nos marchés. Il faut aussi réfléchir à l'avenir et comprendre enfin que le malbec est un cépage au rendement très irrégulier et mettre en place des systèmes pour pouvoir récolter davantage les bonnes années ».
Pour Jérémy Arnaud, directeur marketing de l'UIVC, cette baisse inattendue des disponibilités est aussi l'occasion d'accélérer le rythme de repositionnements qui s'imposaient de toute façon : « Vignerons et négociants de l'appellation vont devoir accélérer leur repositionnement commercial tel que le préconise l'UIVC depuis cinq ans, c'est-à-dire arriver à développer le plus rapidement possible des ventes à plus forte valeur ajoutée, en France mais aussi à l'export. Pour y parvenir, l'appellation doit donc, grâce à l'UIVC continuer à segmenter son offre, sachant que la valorisation du milieu de gamme est stratégique, et parallèlement, continuer aussi à investir sur son image ».
Selon Jean Roche, administrateur de l'UIVC, la situation exige « un signe fort sur les prix et cibler, plus que jamais, les bons marchés avec des produits de belle qualité. Nous devons aussi réfléchir à mieux segmenter notre offre, notamment le milieu de gamme, qui est très important et le vrac ».Stabilisé autour de 90 euros/hl en septembre dernier, le cours du vrac de l'AOC Cahors est encore inférieur au prix de revient du producteur (entre 130 et 150 €/hl), mais il était encore plus bas six mois plus tôt : autour de 70 euros : « Nous avons mené des actions fortes face à des propositions indécentes, rappelait en septembre Maurin Bérenger. Nous restons vigilants mais nous avons des discussions intéressantes avec le négoce car il y a encore du travail ». Nul doute que ces discussions vont à présent évoluer dans un contexte très différent.
[ Source : La Dépêche.fr ]