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e Salon Millésime Bio ferme ses portes aujourd’hui, 27 janvier, à 17h et les organisateurs tablent sur une participation en hausse de plus de 75 % : le salon avait reçu 1 700 visiteurs en 2009 et en recevrait près de 3000 cette année. Dans les allées, les producteurs affichent un réel optimisme en présentant le millésime 2009, avenant et gourmand après des vinifications parfois éprouvantes, surtout pour ceux qui ont choisi de confier aux levures indigènes des jus particulièrement riches et concentrés.
En coulisses et en conférence, on s'inquiète quand même. La concurrence étrangère se fait pressante, en particulier sur les marchés d'export. Le dynamisme du marché français compense largement, mais à terme, les vins bio doivent aussi miser sur l'export. Invité de l'Agence Bio, Peter Riegel, importateur de vins bio en Allemagne, a raconté comment ses clients lui demandent d'alléger sa gamme de vins français pour leur proposer des références italiennes et espagnoles moins onéreuses (pour lire une interview qui apporte un bémol à ce constat, au moins pour le marché néerlandais des premium, super-premium et icônes, cliquez ici). Sur les marchés anglo-saxons, l'offre de vins de raisins issus de l'agriculture biologique souffre d'un manque de lisibilité (confusion entre vins naturels, vins sans sulphites, logo AB...) et de la concurrence de vins bios du Nouveau Monde, qui profitent d'une parité monétaire favorable. Jean-Charles Hirondel (Ubifrance) et son invité, Daniel Devos, importateur belge, ont donné les clés du marché belge des vins bio en expliquant la distribution des produits issus de l'agriculture biologique en Belgique.
Outre la réglementation de la vinification des vins bio, traitée par Jean-François Hulot, chef de l’unité agriculture biologique à la Commission européenne, l'équilibre global du marché des vins bio est au coeur des attentions de l'Agence Bio, qui a confié au Cabinet Gressard la rédaction d'un rapport sur les perspectives de ce marché. Jean-Michel Gressard en a présenté les grands traits en avant première. On se l'était dit en 2008, le vin bio est sorti de la niche (pour relire l'interview de Birce Faravel (Ubifrance) : " Millésime Bio 2008 marque une charnière pour le marché des vins bio", à l'occasion du précédent salon Millésime Bio, cliquez ici): c'est confirmé. Lé prévisions de l'étude tablent sur une surface en production bio de 90 000 ha en 2015 (soit 12% du vignoble français) pour une production de près de 2,5 millions d'hectolitres. A ce niveau de production, les producteurs de vin bio ne pourront plus se contenter de gérer la rareté sur des marchés protégés qui ne le seront plus. Le consultant recommande d'apprivoiser les marchés de flux de la grande distribution, sur le marché domestique et à l'export. Se pose alors une question de civilisation quand on rappelle que le bio est attaché à la notion de partage plus équitable de la valeur ajoutée entre le producteur et le distributeur : comment affirmer cette ambition dans une relation plus équilibrée avec la grande distribution ?
Elisabeth Mercier, présidente de l'Agence Bio se veut positive et constructive sur les débats à venir et annonce que le Printemps Bio, en juin prochain, sera sous le signe du vin bio.
Millésime Bio se poursuit aujourd'hui, avec des conférences marquées par la thématique environnementale et la biodiversité.