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ichel Servage, président de la CFVDP (Confédération Française des Vins de Pays) et Jacques Gravegeal (président des Vins de Pays d’Oc) ont confirmé jeudi 17 novembre l’adhésion du syndicat languedocien à la confédération nationale. Les Vins de Pays d’Oc auront huit représentants au conseil d’administration de la CFVDP, et c’est Jacques Gravegeal qui présidera le comité des vins IGP de l’INAO, en cours de création. L’adhésion va permettre aux vins de pays d’Oc de faire profiter aux autres vins de pays de l’avancement de son dossier de mise en place des nouveaux cahiers des charges et des organismes de contrôle, qui ne demande plus qu’à être agréé. Par la suite devra être réglée la question du lien au territoire. Mais pour les deux présidents, cette réunion est aussi une occasion de « ne pas rater un virage historique », celui du règlement par la segmentation européenne (AOP, IGP, vins sans IG) du problème de segmentation mis en lumière par René Renou lors du début de la réforme des AOC. Pour eux, même si actuellement les IGP représentent environ 11 millions d’hectolitres (dont 5 millions pour les vins de pays d’Oc) en face des 25 millions d’hl d’AOP, « dans les deux ou trois ans qui viennent, les curseurs vont bouger » : si certains vins de pays de petite zone décideront peut-être de passer en AOP, à l’inverse, les grandes AOP risquent d’éprouver du mal à prouver leur lien au terroir et pourront opter pour le passage en IGP. Et au niveau de l’économie des exploitations, les IGP progressant à la fois en France et à l’export, nombreux risquent d’être les viticulteurs qui préferont produire des IGP de cépage sur des terres pourtant classées en AOP.
De l’autre côté de la segmentation, les présidents ne craignent pour l’heure pas la concurrence des vins sans IG avec mention de cépage, dont les volumes ne sont pas encore significatifs. Pour Jacques Gravegeal, les marques qui seraient obligées de « dépenser des millions d’euros pour se lancer » prendraient des risques d’approvisionnement importants, qui n’existent pas en IGP ; quant à la grande distribution et ses marques de distributeurs, elle ne voit pas pour l’heure où pourrait se situer la marge bénéficiaire de ce genre de vins. Jacques Gravegeal en a profité pour déconseiller aux acheteurs « d’utiliser le terme sans IG pour faire baisser les prix », alors que pour l’heure il n’y a pas de volumes dans cette catégorie.
Afin de faire mieux connaître au consommateur français le passage des vins de pays aux IGP, la CVDPF est en train de mettre en place une campagne de communication dans la presse grand public, à paraître au printemps prochain. Jacques Gravegeal n’est pas revenu sur la querelle qui oppose actuellement l’ensemble InterOc-CIVL et Inter sud de France, mais les deux présidents ont émis le souhait que la réunion de leurs deux organismes, après de longues années de querelles de personnes, soit le prélude à l’apaisement des tensions qui agitent les instances dirigeantes du vignoble languedocien.