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lors que le Ministère de l'Agriculture pèse de tout son poids pour que les interprofessions viticoles se regroupent, l'AOC Bourgueil, vient de décider de quitter la sienne, à savoir Interloire. La procédure est prévue, cela s'appelle une Déclaration Unilatérale d'Indépendance. Et celle-ci a été votée voici quelque jours par 89% des vignerons présents.Le président du Syndicat des Vignerons de Bourgueil, Philippe Pitault, précise que la décision n'a pas été prise à la légère, que Bourgueil ne se retrouve plus dans la stratégie globale d'Interloire, et désapprouve notamment le poids du négoce dans ses activités de promotion. Bourgueil accuse Interloire de privilégier une logique industrielle, des vins génériques, l'image globale de la Loire à l'étranger, au détriment des AOC spécifiques (Interloire en fédère actuellement 65).
D'autres AOC évoquent le même "malaise", comme Saint-Nicolas de Bourgueil et Noble Joué ; si, pour l'instant, leurs instances ont repoussé l'idée de l'indépendance, elles ont cependant refusé d'augmenter leurs fameuses "Cotisation Volontaire Obligatoire" destinées à l'interprofession. Elles aussi demandent d'abord que les petites appellations soient mieux respectées.
Autre pomme de discorde : la décision par Interloire de réduire le financement accordé au Salon des Vins de Loire (elle ne serait plus accordée qu'une année sur deux). Ce qui passe très mal auprès des "petits", pour qui le Salon d'Angers consitute une vitrine de première importance, et qui n'ont guère l'occasion de profiter des actions à l'exportation d'Interloire.
Même le président du Bureau régional d'Interloire à Tours, Bernard Gaultier, parle de "constat d'échec",en évoquant la décision de Bourgueil.
La jacquerie ne se limite pas aux Tourangeaux : le Pays nantais, et notamment le Muscadet, gronde aussi de vignerons qui digèrent mal la mainmise de la Fleur de Lys ligérienne sur leur blanche hermine bretonne... et plus prosaïquement, qui constatent que leurs ventes ne profitent guère de la promotion commune d'Interloire.