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lors que sort en ce mois de décembre la 23ème édition de la cuvée « La Ficelle » de la cave de Saint-Pourçain, illustrée cette année par le dessinateur Faujour (L’Humanité, le Parisien, Siné hebdo, Eurosport), les vignerons de l’appellation se trouvent en plein milieu du stratégique dilemme AOC/IGP qui agite le vignoble français. D’une part, les vins de Saint-Pourçain (600 hectares, dont plus des deux tiers en cépages rouges, et 400 hectares vinifiés par la cave) sont en AOC depuis le millésime 2009, après une procédure de 30 ans et une profonde remise en cause qualitative. Mais actuellement, c’est plutôt le label IGP qui semble le plus porteur aux yeux des administrateurs de la cave. Constatant depuis plusieurs années des méventes dans le secteur traditionnel, mais aussi désireux de baisser la part de la grande distribution dans leur chiffre d’affaires (actuellement 45%), ceux-ci ont décidé de se tourner vers l’export, avec l’objectif de réaliser 20% de leurs ventes à l’étranger en 2012. Les débuts sont encourageants, puisque leur pinot noir a fait une belle percée en Angleterre (+370% en trois ans), dans les magasins White Rose et Bibbendum. Ce succès s’explique autant par le récent report de la consommation britannique vers des vins moins onéreux (le pinot noir de la cave, vendu 6£ la bouteille, est en concurrence avec des Mercurey vendus 25£), que par la vogue mondiale du cépage pinot noir.
Cependant, qui dit « vin de cépage » dit cépage inscrit sur l’étiquette, ce qui n’est pas possible en AOC, malgré de multiples demandes adressées à l’INAO. Les vignerons de Saint-Pourçain n’ont donc trouvé d’autre solution que de vendre leurs vins en IGP, ce qui leur permet également de laisser du sucre résiduel dans leur pinot noir rosé, que les consommateurs anglais apprécient également beaucoup. Méfiants cependant vis à des vis des modes, les vignerons ont décidé de produire ces vins en IGP en continuant à respecter les contraintes de l’AOC !