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quelques jours du sommet mondial sur le climat de Copenhague, le président des vignerons indépendants Michel Issaly (vigneron à Gaillac) a tenu avec le directeur général de Greenpeace Pascal Husting une conférence de presse afin de fédérer les forces des deux mouvements pour « augmenter la pression » sur le gouvernement. Pour Pascal Husting, « la finesse absolue du vin de terroir est en danger ». Et Michel Issaly de lister les conséquences visibles et prévisibles du réchauffement climatique sur les vins de France : baisse des rendements et augmentation des degrés alcooliques, donc risque de nivellement avec le style « Nouveau Monde » (Roussillon) ; manque d’eau (Languedoc-Roussillon et Provence) ; épisodes de grêle de plus en plus violents, sur des zones de plus en plus larges ; tempêtes tous les 5 ou 6 ans ; orages violents avec de fortes précipitations en quelques minutes, qui dégradent les vignes en coteaux ; vendanges de plus en plus précoces (7 jours d’avance pris en quinze ans), ce qui pose des problèmes pratiques (vendanges dès le début août, souvent la nuit). Enfin on assiste à une modification des profils aromatiques : les acidités alsaciennes sont en forte baisse, la Loire a des profils languedociens (13,5 à 14°), et en Bourgogne, c’est la présence même du pinot noir, qui déteste les fortes chaleurs, qui est en jeu. Enfin, le réchauffement menace la biodiversité, entraînant des mutations de la flore et de la faune, et nivelant les différences entre micro-climats donc entre crus.
« On ne peut pas ne rien faire devant la disparition de la diversité des profils de terroir, en particulier en face de la concurrence mondiale », a conclu Michel Issaly, ajoutant que « la difficulté économique qu’on traverse ne facilite pas les choses. » Le président des vignerons indépendants a enfin souligné la contradiction qui existe entre la volonté de produire toujours plus de vins de cépages (telle qu’elle a été récemment réaffirmée par Bruno Lemaire) et la baisse des rendements induite par le réchauffement.