L
e 3 novembre dernier, Yves Bénard, président du comité national des vins de l’INAO, a annoncé que 266 des 274 cahiers des charges représentant l’ensemble des AOP françaises ont été à cette date homologués par le gouvernement. La procédure de réécriture des décrets entamée en 2004 est donc en passe d’aboutir. Ces cahiers des charges ont donné lieu à des changements importants. Pour beaucoup d’appellations anciennes, les décrets relativement succints ont été précisés de façon détaillée. De façon générale, les méthodes de conduite de la vigne sont beaucoup plus explicites.
D’autre part, un nombre important d’AOP ont pris des positions claires sur plusieurs sujets majeurs : 156 se sont totalement interdit le recours aux copeaux, 81 ont interdit les charbons pour la clarification, une trentaine ont totalement interdit la chaptalisation, dont une dizaine ont également interdit l’enrichissement au MCR.
Quelques appellations comme Bandol et le Sancerrois ont gardé la dégustation systématique, mais elle a été rapprochée le plus près possible de la commercialisation, tandis que d’autres, comme Pomerol, les grandes appellations de Bourgogne et encore Bandol, ont réaffirmé ou officialisé l’obligation d’élevage dans l’aire d’appellation.
La mise en place de ces cahiers des charges va être suivie par des réunions tripartites entre l’INAO, les ODG (organismes de gestion) et les OI (organismes d’inspection).
Ce chantier quasiment abouti va en fait être prochainement relancé, pour adapter les appellations françaises à l’obligation communautaire issue de l’OMC de définir le « lien à l’origine » : pour chaque AOP il va être nécessaire, afin de la défendre juridiquement au niveau mondial, d’étayer le lien entre les facteurs naturels et humains propres à une origine et les caractéristiques des vins qui y sont élaborés. L’imminence de cette obligation européenne (tous les cahiers des charges doivent avoir été transmis à la commission le 31 décembre 2011) démontre tout la puissance visionnaire du chantier qui avait été lancé par René Renou : le travail déjà effectué pour préciser toutes les caractéristiques de l’élaboration des vins va permettre d’étayer plus solidement de nombreux points du travail sur le lien à l’origine. Néanmoins, il est possible que ce travail mette en lumière quelques écarts entre la technique et le discours. Par exemple, l’élevage obligatoire dans la zone de production est-il toujours justifié par des données techniques (le climat par exemple ?) Ou encore, l’appellation ne comprend-elle que des parcelles aptes à produire le style de vin décrit ?