L
e dernier Viteff a été l’occasion de rappeler que la valorisation des coproduits et sous-produits de la vigne et du vin se situe aux carrefours de plusieurs tendances très actuelles du développement durable : valorisation des déchets, traitement des effluents, substitution aux énergies fossiles, aux sous-produits de raffinerie du pétrole ainsi qu’aux molécules de synthèse…Des sociétés de distillation comme Grap’Sud (issue du groupe coopératif La Gardonnenque), Goyard en Champagne, le laboratoire Sofralab ou la chaire de chimie du développement durable de l’école nationale de chimie de Montpellier, travaillent sur la question. Les pistes de valorisation des marcs, lies, sarments…, déjà appliquées ou au stade de la recherche, sont nombreuses :
-Pour l’agroalimentaire, la pharmacie, la cosmétique : polyphénols (antioxydants pour la santé humaine comme pour les aliments), huile de pépin de raisin, arômes de raisin, colorants, extraits de vin pour les fonds de sauce, huiles essentielles de raisin ;
-Pour la viticulture et la vinification : compost des marcs, fertilisants issus des vinasses, stimulateurs des défenses de la vigne, MCR incolore ou non ;
-Pour la production d’énergie : tourteaux, gélules de marc ou sarments déchiquetés combustibles dans des chaudières spéciales, méthane (à base de vinasses).
En allant jusqu’à la production de tourteaux pour l’alimentation animale, voire de résines epoxy.
Mais lors de la table ronde consacrée au sujet, Raymond Baltenwek, vigneron alsacien et premier président de l’association des régions européennes viticoles (AREV) a dressé un bilan économique critique de toutes ces pistes. Alors que les vignerons de la plupart des autres pays européens se contentent d’utiliser les coproduits pour amender leurs sols, la fin prévisible des crédits de prestations viniques en 2012 comme le bilan carbone et le coût du transport des résidus pour leur retraitement pourra amener à reconsidérer la viabilité du recyclage industriel. C’est la raison pour laquelle les différentes entreprises acteurs du marché, en plus de leurs recherches fondamentales, tentent actuellement de rentabiliser le retraitement en extrayant toujours plus de produits différents d’une même base.