Crise viticole : la contestation s'organise dans le Bordelais

n nouveau collectif de vignerons mécontents a vu le jour cet été à Castillon. Le Bordelais avait déjà vu un mouvement similaire apparaître à Langon fin 2004. Cette année, « Tout est parti des orages de grêle catastrophiques de mai. Devant l'inaction des syndicats et des élus, j'ai provoqué une réunion, puis le bouche-à-oreille a fonctionné et j'ai vu des producteurs en grande détresse sortir de partout », explique Daniel Fénelon, maire de la commune de Belvès-de-Castillon, répondant à César Compadre pour le quotidien Sud-Ouest, « Les trésoreries sont exsangues, le négoce a peu acheté cette campagne passée et des mesures doivent se mettre en place avant les vendanges. 40 % des exploitations bordelaises ont des difficultés financières ».
 
« Le ras-le-bol est là et beaucoup n'ont plus rien à perdre », résume Chantal Séguillon, viticultrice du Saint-Émilionnais qui dirige le tout nouveau Collectif des viticulteurs interappellations (CVI). Plusieurs réunions du collectif se sont déjà déroulées au cours de l’été : « C'était comme une thérapie de groupe : pendant des heures, des vignerons au bout du rouleau ont exprimé leurs difficultés économiques et leur ras-le-bol des réformes menées à marche forcée. Ceux-là mêmes qui ne vont plus aux réunions syndicales classiques où tout est fait pour réduire au silence les petits », renchérit Chantal Séguillon, pour qui « la base doit reprendre la parole et créer un contre-pouvoir ». La structure a déposé ses statuts, revendique 400 adhérents et prévoit d’en compter bientôt un millier.

Retarder l’application des nouveaux cahiers des charges des AOC , accélérer les délais de paiement, récolter au-dessus des rendements légaux les bonnes années en prévision des moins bonnes, mettre en place un prix indicatif pour le kilo de raisin… Telles sont les pistes de travail du collectif. Le soutien au quotidien des viticulteurs en difficulté reste une priorité, avec la mise en place de numéros de téléphone solidarité : « Pour qu'aucun producteur en détresse ne reste seul. En cas de problème (visite d'huissiers...), on se déplacera autant que possible pour soutenir et trouver des arrangements », annonce-t-on.

[ Source : SudOuest.com ]