L
e 15 mai dernier s’est tenue à Epernay l’assemblée générale annuelle du Centre Vinicole – Champagne Nicolas Feuillate, une union de 84 coopératives regroupant plus de 5000 viticulteurs et 2243 ha (7% de l’aire de l’AOC Champagne) situés dans 150 crus, dont 13 des 17 grands crus et 33 des 42 premiers crus.
L’AG a donné l’occasion d’un retour sur des ventes de la marque Nicolas Feuillatte en baisse de 5% en 2008 par rapport à 2007 (8,3 millions de bouteilles vendues), mais aussi sur une augmentation de chiffre d’affaires de 4% (193 millions d’euros pour 26,3 millions de bouteilles tirées en 2008). Dominique Pierre, directeur général, et Sylvain Delaunois, président du conseil d’administration, se sont en particulier déclarés satisfaits de l’augmentation de 6,1% entre 2007 et 2008 de la valorisation indiciaire des bouteilles. Pour l’année 2009, les dirigeants ont clairement parlé d’une crise grave, avec des ventes en baisse de 30% en volume pour les quatre premiers mois de 2009, une contre-performance qui se situe cepedant dans la moyenne champenoise (-34%).
Sylvain Delaunois, président du conseil d’administration a tenu à rappeler que ces difficultés avaient été déjà annoncées lors des deux dernières AG de Nicolas Feuillatte. Selon lui, les signes avant-coureurs étaient « l’augmentation du coût de l’énergie, le surendettement des ménages anglais et américains (les deux premiers marchés de consommation de la Champagne, qui avaient déjà connu une baisse des ventes en 2007), une évolution défavorable des taux de change, et le constat d’échec de l’ultralibéralisme. »
Ces difficultés surviennent après une période de progression du chiffre d’affaires de 74% depuis 2000, une progression solide puisqu’elle s’appuie également sur une augmentation dans le même temps de 6500% du résultat. Une amélioration continue de la rentabilité qui a été gagnée, comme le précise Dominique Pierre, par une attention soutenue « au retour sur investissement, quand on lance des actions, quand on met des budgets en place. On ne peut pas se dire qu’on va dépenser, et qu’on verra le retour dans 5 ou 7 ans. Les membres du conseil d’administration nous demandent de leur dire tous les ans qu’on a gagné de l’argent ! » Cette approche de rentabilité par projet a été appliquée en particulier au marketing (évènements limités, packaging raisonnable), aux réseaux de distribution (qui doivent être capables d’assurer un bon développement commercial dans leur zone), ainsi que dans le domaine technique (travail sur la productivité de l’outil industriel). Ces résultats expliquent que l’entreprise « ait dégagé 77 millions d’euros de cash de 2000 à 2008 », et que ses dettes financières ne représentent qu’un tiers de son passif et la moitié de ses stocks.
Désireux de ne pas s’endormir sur ces lauriers économiques, le conseil d’administration a cependant demandé aux administrateurs, face à la baisse actuelle des ventes, de procéder à une « chasse aux économies ». Celle-ci s’est traduite d’ores et déjà par un net ralentissement des investissements, la non reconduction des CDD et l’arrêt de l’emploi des intérimaires, la limitation de la maintenance et toujours plus de rationalisation des projets de marketing et de communication. Du côté commercial, les dirigeants de Nicolas Feuillatte refusent de céder à la guerre naissante des prix, en particulier pour poursuivre leur stratégie de repositionnement vers le haut de gamme de leurs cuvées.
En fin d’assemblée générale, Dominique Pierre a été décoré de la médaille du Mérite Agricole par Philippe Mangin, directeur des coop de France.