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n savait que la campagne des primeurs bordelais s'annonçait difficile pour le millésime 2008. A quelques jours du début des présentations, le négoce anglais durcit le ton.
Farr Vintners, traditionnellement l'un des plus gros acheteurs en primeur au Royaume-Uni, a fait savoir à decanter.com par la voix de son président, Stephen Browett, qu'il boycotterait les ventes de primeurs bordelais à moins que que les grands crus bordelais ne revoient sérieusement leurs prix à la baisse : "Si les vins sont mis en vente au même prix que l'an dernier, nous ne ferons pas le déplacement. Il est très difficile de faire baisser leurs prix aux grands châteaux, mais ils savent qu'ils doivent le faire.(...) Nous ne demandons pas qu'ils bradent leurs vins, regardez Cos d'Estournel : nous avons acheté le 2004 à 425 £ la caisse, le 2005 à 1120 £, le 2006 à 720 £ en 2006 et le 2007, le moins bon millésime de la décennie, à 650 £. Les producteurs doivent revenir aux prix de 2004. (...) Le millésime 2008 est prometteur, davantage que les 2004 et 2006, proche de 2001 en qualité, mais c'est une question secondaire." En effet, par rapport à la campagne du millésime 2007, la livre sterling a perdu 20 % de sa valeur par rapport à l'euro.
"Ce n'est pas une menace en l'air, a déclaré Stephen Browett, nous n'avons pas pris nos billets d'avion et nous n'avons pris aucun rendez-vous. Mon conseil aux producteurs est de ne pas faire de campagne en primeur s'ils ne baissent pas leur prix. Les consommateurs ne sont pas d'humeur à acheter autre chose que des bonnes affaires (...). Pour ceux qui ne veulent pas baisser, je ne vois pas pourquoi ils ne gardent pas leur vin pour le vendre en bouteilles, une fois la récession terminée."
Chez Berry&Bros, Simon Staples a pour sa part appelé de ses voeux un retour aux prix de 2002, "les producteurs parlent de réduire leurs prix de 10 à 15 %, mais même une baisse de 30 ou 40 % serait insuffisante pour intéresser les consommateurs. Depuis 2005, personne n'est excité par ce qui vient de Bordeaux. Les consommateurs en ont assez des prix ou se lassent d'acheter cinq ou six millésimes d'affilée à Bordeaux."
[ Source : Wine Alley ]