Nous devrions nous situer en deçà des 880 000 hl de 2007 alors que la moyenne oscille entre 900 et 950 000 hl. La météo du printemps a provoqué la "coulure" de la floraison et généré une hétérogénéité dans la maturation des grappes. Ajouté à la sécheresse récurrente qui engendre un stress sur les ceps et l'on obtient de petits grains avec très peu de jus », explique Marc Rolley, directeur du Syndicat des vins Côtes de Provence.
Il a fallu également être très vigilant contre les attaques de mildiou. Les vignerons avaient eu l'occasion de fourbir leurs armes contre la pourriture en 2007 ; cette année, ils ont pris les devants, comme à Draguignan, où en 2007, le mildiou avait privé de près d'un tiers de sa récolte le Cellier des 3 Collines, la cave coopérative de Flayosc et Draguignan. « Cette année la récolte devrait revenir à la normale. Avec les traitements que l'on fait tous les dix jours, les pertes devraient avoisiner les 15 à 20 % » expliquait fin août Alain Dupuis, le président de la cave.
Petite récolte, donc, 2008 s'annonce cependant comme un très beau millésime côté qualité, en particulier pour les rosés (85 % de la production) : « L'équilibre acidité-alcool (les vins titreront moins) devrait être remarquable et rehausser les arômes pour obtenir un cru 2008 d'une grande fraîcheur, élégant, fin et léger. Les rouges se montreront plus ronds et friands, alors que les blancs donneront toute leur expression d'agrume et de fruit », détaille Marc Rolley.
Mais quel effet aura une petite récolte sur les cours du rosé, face à une demande qui croît ? « Les déclarations de stock, arrêtées au 31 juillet, donnent une estimation à 380 000 hl (en vrac). Nous sommes donc dans une situation favorable si l'on considère que la (bonne) saison touristique s'est poursuivie même si, pour cause de pouvoir d'achat, la restauration a plus souffert que d'ordinaire. »
Une bonne saison touristique n'est cependant plus qu'un indicateur parmi d'autres de la performance des rosés, comme l'explique Marc Rolley : « Il est considéré comme un vin à part entière, festif et jeune, facile d'accès, que l'on ouvre sans réfléchir pour partager des moments conviviaux. Le rosé est aussi "tendance" auprès des femmes.(...) Ce n'est plus qu'un vin d'été. On en déguste toute l'année et dans toutes les régions, Paris et Nord en tête. » A la demande française qui s'étend à toutes les saisons, il faut ajouter la demande internationale : « Les volumes à l'export ont doublé depuis une dizaine d'années et ce n'est sans doute pas fini ».
[ Source : Var Matin ]