a Shiraz Alliance a clôt les portes de sa biennale internationale dans la Barrossa Valley cette semaine. Des professionnels du monde entier ont goûté, débatu et médité sur les changements de style et de profils aromatiques des vins de Syrah, ou Shiraz en Australie. Ils ont conclu qu'il était urgent de rompre avec le mètre-étalon Yellow Tail. Le succès commercial de la marque n'est pas démenti, mais, disent les pro, les caractéristiques de ces vins sont devenues celles de la Shiraz dans l'esprit des consommateurs du monde entier. Pour les producteurs qui veulent partir à l'assaut des marchés de la Syrah haut de gamme, mieux valorisée, c'est un réel problème. Le symposium a conclu sans ménagement qu'il faut donc en finir avec :
- Les étiquettes avec des bestioles, des dessins aborigènes, des noms qui se veulent drôles mais qui frisent le ridicule :"Assez de vins de dessins animés, c'est du suicide ! On n'est pas dans Crocodile Dundee !", a lâché Josh Raynolds, critique américain.
Une étiquette avec un kangourou stylisé façon aborigène a fait le succès de Yellow Tail. Elle est devenue le standard animalier des étiquettes australiennes, dont les marques ont largement utilisé la faune australienne comme source d'inspiration de leurs packaging, notamment pour la Shiraz, avec des kangourous, des koalas, des wombats, des wallabies...
- Un niveau d'alcool élevé, supérieur à 14,5°, allant jusqu'à 16°. Les producteurs présents ont eu l'occasion de faire leur examen de conscience. Venu de Sicile, Allessio Planeta (auteur d'une Syrah 2002 à 14,9°) a déclaré que des niveaux d'alcool plus bas "rendent les gens plus heureux", tandis que son confrère Brian Walsh de Yalumba posait une question réthorique : "Peut être que 14,5° est le nouveau 13°?". Les degrés se sont mis à monter à partir de 2001, date du fulgurant succès de Yellow Tail sur le marché américain. Il a fallu les faire grimper pour plaire à "l'Homme aux Points (a.k.a. Robert Parker)", explique le magazine australien The Age, mais la Shiraz était très à l'aise auparavant, aux environs de 13°. L'ensemble des professionnels présents a plaidé pour un retour à ce standard.
- Des prix bas accolés à une impression générale de vin bas de gamme. Dans le sillage de Yellow Tail, les Shiraz australiennes sont entrées sur de nombreux marchés par l'argument du prix bas. "Vous êtes entrés sur le marché à petit prix, on vous voit petits", a déclaré Josh Raynolds. La capacité à inverser cette perception décidera du succès des Shiraz à l'assaut des hauts de gamme et des prix premiums.