e gouvernement s'était engagé à rencontrer les vignerons du Languedo-Roussillon, suite aux manifestations qui ont eu lieu durant le mois de juin, en particulier celle du 25 juin à Montpellier. Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, a confirmé lundi 30 juillet le déblocage d'une enveloppe de 2 millions d'euros pour venir en aide aux exploitants en situation difficile dans la région. Deux jours plus tard, au Sénat, un amendement faisait son entrée dans la Loi de Modernisation Economique, alignant le délai de paiement spécifique à la viticulture sur le régime général. Auparavant fixé à 75 jours, il est désormais ramené à 45 jours fin de mois ou à 60 jours à compter de la date d’émission de la facture et non plus de sa date de réception.
Ce texte a été complété par un amendement ministériel qui stipule, qu’à défaut d’un accord interprofessionnel, un acompte de 15% au moins de la commande doit être versé au vendeur dans un délai de 10 jours, suivant la conclusion du contrat de vente.
Des décisions qui suscitent l’inquiétude des entreprises de négoce, qui craignent que les contrats pluri-annuels soient pénalisés : « Contrairement à l’effet attendu, ces dispositions cumulées ne manqueront pas de bouleverser l’équilibre économique des différentes régions de production, et particulièrement de celles qui sont les plus fragiles »,écrit l'AGEV dans un communiqué, « En effet, nos entreprises qui ont des rotations de stocks particulièrement lentes ne pouvant trouver des financements complémentaires, particulièrement dans le contexte de crise financière actuelle, ne pourront qu’étaler leurs achats au fur et à mesure de leurs besoins, modifiant très sensiblement le déroulement des campagnes d’achats dans toutes les régions de production. Ce dispositif est d’autant plus préjudiciable à la filière, qu’en l’état il pénalisera plus particulièrement les opérateurs développant des politiques contractuelles pluriannuelles et qu’il renforcera encore les discriminations existantes entre entreprises coopératives et entreprises privées."
L'aide débloquée pour les vignerons du Languedoc-Roussillon suscite également des réactions mitigées, notamment venues d'autres régions viticoles, comme la Loire. Thierry Chardon, vice-président du syndicat de l'AOC Touraine, déclarait dans la République du Centre du 3 juillet 2008 : "On peut comprendre la colère des collègues du Languedoc, même si ça ne s'excuse pas (...). Mais il est dommage que l'Etat réponde par un saupoudrage. On distribue de l'aide au jour le jour, pour calmer les colères. Il serait plus judicieux de rassembler la filière viticole dans son ensemble et de réfléchir à un plan massif de soutien (...). La situation financière des exploitations viticoles est aussi difficile en Val de Cher et Touraine, [avec des cours autour de 105 € l'hectolitre en 2007, NDLR] il faudrait qu'ils arrivent rapidement à environ 150 €".
Pour un point plus complet, retrouvez notre dossier, Crise Viticole : l'après-25 juin 2008