Après bien des rebondissements jusque devant le Conseil d'Etat, l'affaire du classement 2006 des grands crus de Saint-Emilion attendait la décision du Tribunal Administratif de Bordeaux, rendue mardi 2 juillet 2008, qui annule le classement établi pour les millésimes 2006 à 2016. Depuis le 2 juillet 2008, il n'y a plus de classement, donc plus de grands crus classés à Saint-Emilion, dans l'attente d'une décision du gouvernement pour pallier ce vide.
Les quatre producteurs à l'orgine du recours sont parvenus à convaincre le juge que la dégustation à l'origine du classement ne s'était pas déroulée de manière à garantir l'impartialité des jurys. Pour de nombreux producteurs de l'appellation, cependant, l'annulation est une catastrophe : Christine Valette, propriétaire du Chateau Troplong-Mondot, a déclaré: " Je suis en état de choc. Comme toute mon équipe au château. Nous avons travaillé vingt ans pour obtenir cette place dans le classement qu'on annule aujourd'hui. Je n'aurais jamais imaginé que cela puisse arriver"."C'est une aberration, de condamner le classement pour si peu, déclarait mardi Nicolas Thienpont, propriétaire de Chateau Pavie-Macquin, Tous ceux qui ont travaillé dur pour remonter dans le classement entendent aujourd'hui "désolé, à cause de quatre imbéciles qui ne sont pas d'accord, nous allons tout annuler". (...) Certains producteurs ont déjà embouteillé et étiqueté, avec la mention de leur classement. J'étais sur le point de le faire moi-même et j'ai l'intention de le faire malgré le jugement. C'est trop tard pour tout changer. J'espère que l'inspection des fraudes fera preuve de bon sens."
Une bonne place dans le classement dope le prix des bouteilles à +30 %. "Si la justice maintient sa décision et que le gouvernement ne fait rien, je n'aimerais pas être à la place des quatre producteurs qui ont introduit le recours. Saint-Emilion est un petit village, or ils ont mis beaucoup de gens en colère et leur ont fait perdre beaucoup d'argent", expliquait hier Jeffrey Davies, négociant à Bordeaux.
L'INAO a deux mois pour faire appel du jugement.
[Source : www.telegraph.co.uk ]