e système de gestion qualitative des vins AOC français est à nouveau sur la sellette. La revue Que choisir qui l’an dernier, dans une enquête intitulée «Ça tourne au vinaigre pour le terroir» avait déjà épinglé les dérives du système d’agrément, qualifié de « machine à éliminer les différences au profit d'une standardisation systématique » revient à la charge. A la lumière de deux exemples récents, l’association de défense des consommateurs estime que la gestion des vins AOC « frise le ridicule ».
Le premier exemple concerne Jean-Paul Brun, propriétaire du domaine Les Terres dorées dans le Beaujolais, dont « les deux tiers de sa cuvée 2007 de beaujolais l'Ancien (soit plus de 60 000 bouteilles) viennent d'être déclassées en vin de table au terme de trois dégustations successives, alors que le premier tiers de la même cuvée avait été agréé sans problème au début de l'année. Motif invoqué par la commission de dégustation : vin atypique présentant trois défauts : arômes de caoutchouc, champignons, et acidité volatile. Il s'agit pourtant du même vin.».
Un jugement qui ne manque pas d’étonner le critique américain du New-York Time, Eric Asimov qui ne « trouve rien d’atypique dans cette cuvée mais estime au contraire le vin délicieux et typique du beaujolais de Jean-Paul Brun ». La revue cite également Jo Dresner, l'importateur du domaine des Terres dorées aux États-Unis, qui constate dans son blog qu'il devient de plus en plus difficile pour la petite minorité de vignerons « naturels » de continuer à travailler dans le cadre de l'AOC parce que l'organisme responsable des appellations cherche ouvertement à imposer aux vignerons un style médiocre et uniforme avec une tolérance zéro pour l'originalité et l'authenticité. « Les gens achètent Les Terres dorées ainsi que tous les meilleurs producteurs du beaujolais car ils savent que ces vignerons sont les vrais défenseurs du terroir. Mais la médiocrité triomphante dans cette région est devenue telle que les autorités officielles n'ont pas d'autre alternative que de se venger sur les quelques producteurs qui continuent à faire de grands vins et des vins personnels. »
L’autre cas cité est celui de Marcel Richaud, vigneron à Cairanne, que le magazine avait classé meilleur choix dans son test de vins biologiques et qui s'est vu successivement interdire l'accès à l'appellation « côtes-du-Rhône villages » pour ses primeurs et tout récemment pour ses rosés.
« On voudrait liquider les vins de terroir au profit des pinards industriels qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Mais ensuite, il ne faudra pas s'étonner que la viticulture française perde sa suprématie mondiale ! » conclut le magazine.
[ Source : Que choisir ]
Note de Vitisphere : Il n'est pas sur que l'INAO (ancienne version) mérite autant d'opprobe. Peut-on juger sur deux cas, une organisation (l'INAO) qui agrée chaque année, les vins de plus de 50 000 producteurs, et analyse plus de 100 000 échantillons...
Nous connaissons la notoriété, la spécificité de ces deux vignerons (Marcel RICHAUD et J Paul BRUN), c'est à dire leur talent, mais il est probable que derrière tout cela se cachent quelques concurrences locales ou régionales, pas trés loyales. Il n'est donc pas sûr que l'on puisse en dégager une conclusion aussi excessive et aussi générale.
Nous connaissons des vignerons qui respectent leur sol, leur vignes, leurs équipes, leurs consommateurs en produisant des vins originaux et exceptionnels, agréés chaque année par les commissions de l'INAO !
Hélas, une critique excessive affaiblit la critique... et ce n'était surement pas cela que voulait la rédaction de Que choisir ?