e sors d’une réunion d’information sur l’INAO, ou etait présentée la reforme de la vieille Institution. Le vigneron que je suis a été assommé par une telle hystérie normative.
J’ai une conception ancienne de l’Appellation d’ Origine : Un cépage, en adéquation avec un terroir, un climat, et le savoir-faire des Hommes. Pour moi le reste n’est que détail. De cette petite recette (Remercions au passage nos Ainés pour l’avoir inventée) découle une notion toute simple : La typicité. Or, ce matin, il n’a été question de typicité à aucun moment… Les intervenants nous ont littéralement noyé sous des flots de sigles (En vrac : ODG , OI, OC, IGP, COFRAC, SIQO-celui-ci est magnifique ! Signe d’Identification de la Qualité et de l’ Origine, quelle poésie !!- emportés par des tourbillons de normes (ISO de 9000 à 14000 et des brouettes, 45011, 17020- mais ou vont-ils chercher tout ça ? )
On nous reproche en outre de nous auto-contrôler. Mais qui, mieux que le Vigneron lui-même, est garant de la typicité de chaque Appellation ? Qu’est-ce que l’AFAQ, la COFRAC, ou pourquoi-pas l’ AFNOR connaissent du caractère de chaque terroir ? Il est certain qu’ un dépoussiérage et une adaptation à l’époque s’imposait. Mais , comme d’habitude, nous avons une guerre de retard. Les Anglo-saxons, après quelques errements industriels, sont en train de découvrir–et d’appliquer – quelque chose qui ressemble étrangement à l’Appellation d’Origine. Pour toute réponse, nos pouvoirs publics, s’appropriant une institution qui ne leur appartenait pas vraiment, nous écrasent sous un feu roulant de procédures (Je me refuse à parler de « process » ) issues de l’industrie la plus stricte ! Que tout ceci manque d’Humanité !!! Le Vin, c’est avant tout le plaisir, l’Appellation d’Origine garantissait un produit unique, profondément marqué par la Nature et par le Vigneron, avec toutes les imperfections liées à la nature Humaine, qui en faisaient un produit plus proche d’une œuvre d’Art que d’un objet industriel, résultat d’une froide pensée mécanique. L’agriculture, et la viticulture en particulier, c’est une chose qui a une forme indéfinissable. Si on veut faire rentrer cette chose dans un moule aux contours bien géométriques, il faudra taper dessus très fort, et il y aura beaucoup de matière en dehors du moule. Et j’ai bien peur que cette matière-là soit la plus concentrée en tout ce qui fait l’Homme et le Vin.
Bernard Aimar, un vigneron désabusé…