U
n esprit malin,
Ancien préfet, ancien directeur de l'administration au ministère de l'agriculture,
Donc un esprit technocratiquement très malin,
A rendu son rapport au ministre de l'agriculture évoquant les propositions miraculeuses pour soigner le monde viticole français du mal qui le ronge.
Constatant soudainement que la planète entière produisait du vin,
Il trouva dans cette concurrence nouvelle, les raisons de nos déboires.
Ni une, ni deux, il fallait donc rattraper ce retard.
Analysant sans doute en grand connaisseur,
Il put constater que les pays de l'hémisphère sud et les Etats-Unis,
« Fabriquaient » un vin plus flatteur, plus simpliste et donc mieux compris.
La solution etait donc là.
Si une femme veut plaire,
Il lui faut une bonne dose de maquillage,
Une mini jupe,
Pas trop d'intelligence,
Et un discours basique.
Alors reformons !
Nos terroirs sont trop complexes ?
Oublions nos terroirs.
Nos arômes sont trop complexes ?
Vulgarisons nos arômes.
Nos vins sont trop puissants ?
Désalcoolisons nos vins.
Oublions nos vertus parce qu'elles sont désuètes.
L'ancien monde n'a certainement rien compris et doit mettre son orgueil de coté.
Le nouveau monde doit devenir notre nouveau modèle.
A quoi bon faire vieillir le vin en barriques,
Développer une micro-oxygénation,
Arrondir la structure tannique,
Rendre les arômes les plus complexes,
Amener de l'élégance,
En respectant les typicités du raisin et du terroir.
Le consommateur est trop bête,
Il suffit de rajouter des copeaux,
De pratiquer un micro bullage,
De laisser la cuve monter en température,
Et il n'y verra que du feu.
Vouloir défendre nos terroirs, nos typicités, nos traditions, parait désormais comme étant d'une autre époque.
Il était certainement trop difficile de se donner les moyens de communication nécessaires, pour promouvoir notre savoir-faire.
Il était certainement naïf de croire que un an avant une élection présidentielle, un ministre pouvait avouer haut et fort que 10 % du vignoble français n'était pas digne d'être planter, et devrait âtre arraché.
Il était sûrement politiquement incorrect d'admettre que la loi Evin, était la balle que l'on s'etait tirée dans le pied.
Penser que la viticulture française doit s'appuyer sur ses terroirs et sur son histoire,
Doit certainement paraître comme traditionaliste et archaïque,
Penser que le modèle d'avenir est dans la globalisation et dans la standardisation des goûts,
Est du suicide.
Laurent Derhé
Aubergiste
L'avenir de la viticulture : Le point de vue d'un aubergiste malicieux
Par Vitisphere Le 27 juillet 2006
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