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émoignage de Jean de Monteil, vigneron françaisJe reviens juste du Québec où j'étais avec quelques confrères français de toutes régions viticoles pour proposer nos produits. Bien évidemment, le scandale de la SAQ a alimenté bon nombre de conversations, cela peut se comprendre. Les Québécois eux même sont complètements outrés et espèrent un grand changement (pas seulement ce que vous dites à la fin de votre article). Il faut savoir qu'ils trouvent les vins très chers, ce que je peux confirmer. De plus, la qualité n'est pas au RV. Aussi bien pour des vins français qu'étrangers. Pourtant, il y a une sélection assez draconienne. Ayant visité un magasin de la SAQ, j'ai pu voir la pauvreté des rayons en "spécialités" qui représentent les vins des viticulteurs comme moi. Par contre, beaucoup de vins de marque ou de négoce entre 7.50 euros et 12 euros au niveau des Bordeaux. Beaucoup de vins étrangers aussi (Chili, Argentine, Australie, Espagne). Etant logés dans un complexe hotelier d'un certain niveau, nous avons goûtés à chaque fois des vins différents pour un prix moyen de 25/30 euros. Nous avons été surpris du manque de qualité des différents vins, qu'ils soient français ou étrangers. Exemple, un Bordeaux de marque (connue), petit, sans saveur, à 30 euros. Un espagnol aigrelet à 22.5 euros, un Mendoza d'Argentine sans fraicheur et lourd pour 28.5 euros, idem pour un merlot du pays d'Oc, etc. Bref, pour les professionnels que nous sommes, quelle déception de voir ce que peut sélectionner un organisme d'état peut-être plus prompt à faire de l'argent qu'autre chose. Nous espérons que cela va changer bientôt. Car, il ne faut pas s'y tromper, les Québécois aiment les bons vins et nous avons pu le voir lors de la présentation de nos produits. Pour plus d'infos, voici l'analyse d'un journaliste: "Un monopole qui, lentement mais sûrement, se discrédite de plus en plus auprès des consommateurs québécois. Et rien n'indique que les choses iront en s'améliorant, bien au contraire. On s'attend généralement à ce que de 500 à 600 produits dits "réguliers" disparaissent carrément des tablettes. Des vins de petits producteurs, généralement (mais pas uniquement), qui se vendent bien pourtant, mais pas assez selon les nouveaux standards établis par la SAQ. Ces vins seront vraisemblablement remplacés par des vins de marque. Des vins interchangeables, pour la plupart, mais dont les producteurs auront assez de sous pour en faire la promotion et payer la SAQ pour louer des espaces de choix dans ses magasins." Ce petit extrait n'est pas très encourageant car un viticulteur n'a pas les moyens de rentrer dans ce jeu. Serait-ce la fin pour nous? J'ose ne pas y croire au vu de l'accueil chaleureux que nous ont réservé les québécois et de leur ras le bol de l'attitude de la SAQ.